• Lectures de vacances grivoises : Alfred de Musset

    - Qu'est-ce que tu lis en ce moment, Carlus ?
    - Alfred de Musset !
    - Ah, Musset, le romantisme, c'est tout toi ça ! 
    - Oui, pour moi, la littérature romantique, il n'y a que ça de vrai !


    Alfred de Musset
    Extraits de Gamiani ou Deux nuits d'excès

    Lectures de vacances grivoises : Alfred de Musset

    Fanny
    Tu revins aux femmes ?

    Gamiani
    Non ! je voulus auparavant rompre avec les hommes. Pour n’avoir plus de désirs ou de regret, j’épuisai tout le plaisir qu’ils peuvent nous donner. Par le moyen d’une célèbre entremetteuse, je fus exploitée tour à tour par les plus habiles, les plus vigoureux hercules de Florence. Il m’arriva dans une matinée de fournir jusqu’à trente-deux courses et de désirer encore. Six athlètes furent vaincus et abîmés.

    Un soir, je fis mieux. J’étais avec trois de mes plus vaillants champions. Mes gestes et mes discours les mirent en si belle humeur, qu’il me vint une idée diabolique. Pour la mettre à profit, je priai le plus fort de se coucher à la renverse, et, tandis que je festoyais à loisir sur sa rude machine, je fus lestement gomorrhisée par le second ; ma bouche s’empara du troisième et lui causa un chatouillement si vif, qu’il se démena en vrai démon et poussa les exclamations les plus passionnées. Tous quatre à la fois nous éclatâmes de plaisir en raidissant nos membres ! Quelle ardeur dans mon palais ! Quelle jouissance délicieuse au fond de mes entrailles ! Conçois-tu ces excès ?

    Aspirer par sa bouche toute une force d’homme ; d’une soif impatiente, la boire, l’engloutir en flots d’écume chaude et âcre et sentir à la fois un double jet de feu vous traverser dans les deux sens et creuser votre chair... C’est une jouissance triple, infinie, qu’il n’est pas donné de décrire ! Mes incomparables lutteurs eurent la généreuse vaillantise de la renouveler jusqu’à extinction de leurs forces.

    Depuis, fatiguée, dégoûtée des hommes, je n’ai plus compris d’autre désir, d’autre bonheur que celui de s’entrelacer nue au corps frêle et tremblant d’une jeune fille timide, vierge encore, qu’on instruit, qu’on étonne, qu’on abîme de volupté.

    Alfred de Musset
    Extraits de Gamiani ou Deux nuits d'excès

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