• Croisé la "Garce" cet été sur le Net à l'occasion de l'anniversaire d'un ami commun. Elle est en couple. Je lui demande "Réverbère ou étoile ?" Elle m'envoie un smiley sourire mais ne répond pas. 

    La formule est d'elle. Il y a quelques années, pour m'expliquer pourquoi elle était toujours seule, elle m'avait dit : "je rencontre des gens bien, mais je sais faire la différence entre un réverbère et une étoile". Elle avait vécu dans sa jeunesse une histoire d'amour passionnée et passait sa vie à chercher une autre histoire d'amour passion (ou peut-être le retour du premier, qui sait?)

    Mais les hommes n'aiment pas trop les femmes passionnées, exigeantes, jalouses, possessives. 

    La preuve : écoutez Guy Marchand nous parler de sa chérie.

      


  • Décor : une chambre d'hôtel dans les années 2000

    Personnages (par ordre d'apparition) :
    - Elle
    - Lui


     Ils entrent dans la chambre

    - Elle : TaDa !!! Ladies and Gentlemen, c'est ici que commence notre escapade parisienne en amoureux !

    - Lui : Ouff...il était temps ! Huit heures de vol, une heure pour récupérer les valises, une heure de taxi... J'en peux plus, moi !

    Elle : Pourquoi tu te plains tout le temps...? Tu regrettes l'ambiance du carnaval ?  

    Lui : Ah non, merci beaucoup ! Non, je dis juste que je suis crevé, là, maintenant !

    Elle : (elle défait ses valises) ... Tu as dormi pendant tout le vol, ne me dis pas que tu es fatigué ! Allez, du nerf,  on prend une douche, on se change et on part ...euhhh... diner sur un bateau-mouche. Qu'en penses-tu ?

    Lui : Ok, ça me va. Mais... (il la regarde défaire ses valises) c'est quoi, ce truc que tu as dans la main ?

    Elle : Ah ça ? C'est une crosse de fusil !

    Lui : Et donc...? Qu'est-ce que tu fais avec une crosse de fusil dans ta valise ?

    Elle : C'est rien ! C'est mon mari qui m'a demandé de profiter de mon passage à Paris pour passer chez un armurier pour rénover et recalibrer la crosse de sa carabine.

    Lui :(inquiet) Qu'est-ce que ton mari fait avec un carabine ?

    Elle : Il est chasseur, c'est son hobby. En plus, c'est un fusil qu'il tient de son parrain, un objet de collection, paraît-il

    Lui (de plus en plus inquiet) : Attend, je ne comprends pas ! Tu dis à ton mari que tu pars une semaine en formation à Paris et il te donne une crosse de fusil à faire réparer ???

    Elle : Oui, et alors, c'est quoi le problème ?

    Lui : Mais tu ne comprends donc pas que c'est peut-être un message qu'il t'envoie ? Qu'il est au courant pour nous ? Que c'est c'est peut-être même une menace de mort ?

    Elle : Ohlala, arrête de flipper pour rien, mon vieux ! S'il devait me tuer, ce serait fait depuis longtemps !

    Lui : Aaah... Donc, tu confirmes qu'il pourrait te tuer s'il apprenait que tu le trompes ?

    Elle : Mais non, c'est pas un violent ! J'ai dit ça juste pour répondre à ton délire !

    Lui : (pensif, murmurant ) Ben voilà autre chose maintenant ! 

    Elle : Mais arrête de flipper, enfin !!! Même s'il se doute de quelque chose, il n'en a rien à foutre ! Je t'ai déjà dit, on ne couche plus ensemble, je ne surveille pas ses sorties et réciproquement !

    Lui : et réciproquement...??? C'est ce que tu crois ! Mais vous n'êtes PAS un couple libre ! il n'y a pas de couple libre par défaut ! un couple libre décide explicitement de l'être ! Et parce que, toi,  tu t'en fous, tu imagines qu'il s'en fout lui aussi ? Tu ne connais pas les hommes, Line !

    Elle : Tu as peur de quoi ? Qu'il arrive avec sa carabine sans crosse et qu'il nous tue tous les deux dans le lit du péché ? Je te croyais plus courageux que ça...

    Lui : Mais c'est pas une question de courage, merde ! c'est que... je n'aime pas les situations comme ça, ambigües, confuses, pas claires...

    Elle : Ah oui ? Alors tu me diras à quel moment notre relation a été claire parce que ça m'intéresse ! Alors, qu'est-ce qu'on fait ?

    Lui : Tu sais quoi ? appelle-le ! On saura déjà s'il est chez lui et à sa voix, je saurai s'il est au courant  pour nous

    Elle : Que je téléphone à mon mari devant toi et que tu écoutes notre conversation ? Non, mais tu es fou ? il n'en est absolument pas question, mon vieux !! Mais alors, pas du tout !

    Lui : Alors qu'est-ce qu'on fait ?

    Elle : On téléphone à ta femme, si tu veux...

    Lui : Ca va, ca va , j'ai compris... 

    Elle : Allez, t'inquiète pas pour lui, va ! Il est en train de fêter le Carnaval avec sa bande de copains.

    Lui : Ok  ok 

    Elle : Allez, on fait ce qu'on a programmé : On se prend une petite semaine de détente parisienne, sans prise de tête

    Lui : Oui, on va faire comme ça...

    Elle (sur un ton moqueur) : Mais je te promets que je vais jeter de temps en temps des coups d'œil furtifs autour de nous pour savoir si le tueur à la carabine sans crosse ne nous suit pas !

     


  •  

    Il y a bien longtemps 

    Sganarelle :
    Eh quoi, Don Carlus, Dame Cynthia me paraissait avoir toutes les vertus que l’on est en droit d’attendre d’une personne du beau sexe et son attachement pour vous ne faisait aucun doute !

    Faut-il donc, dès lors qu’une personne de son sexe présente quelques dispositions à vous plaire, que vous vous empressiez de lui trouver quelques menus travers que vous présenterez aussitôt comme étant incompatibles avec vos penchants ?

    Et ne seriez-vous pas plus avisé de vous interroger sur votre propre incapacité à vous attacher au cœur d’une belle qu’à disserter sans fin sur le caractère retors de la nature des femmes ?

    Don Carlus :
    Le diable est dans les détails, mon brave Sganarelle, et les bonnes dispositions qu’affichent ces perfides créatures ne viennent souvent que du désir d’oublier un amour déçu en se jetant dans les bras du premier prétendant venu, fût-il le dernier des gueux ! Dans la déraison de ces êtres étranges, un amour est d’autant plus beau qu’il est mort et l’amant qui les a quittées est paré de toutes les vertus !

    N’aurais-tu donc rien de plus exaltant à me proposer, mon ami, que d’être dans le coeur d’une femme le masque derrière lequel elle cache son chagrin ou de me résigner à n’être qu’un gentil compagnon pour qui l’on éprouve des sentiments semblables à ceux qu’on a pour un animal de compagnie ?

    Sganarelle :
    Sachez, mon bon maître, qu’il n’est rien de plus préjudiciable à la justice que de prêter à tous des tares constatées chez un seul. Et tel qui croit comprendre l’âme féminine à partir d’un dépit provoqué par une seule femme, ne saurait prétendre au titre de sage ou de philosophe qu’auprès de ses congénères cornus et déçus, ce qui constitue, vous en conviendrez aisément, un bien mauvais public.

    Manquez-vous donc à ce point de confiance en vous-même qu’il vous faille chercher à tout prix dans la tête des femmes à qui vous plaisez, des idées que vous n’avez trouvées que dans la tête d’une seule ? Et est-il de bon augure pour trouver l’âme sœur de se méfier de toutes les femmes en leur prêtant des pensées triviales dont elles ignorent tout ?

    Don Carlus :
    Tes propos illustrent bien, mon cher Sganarelle, la position des hommes d’aujourd’hui face à ces créatures machiavéliques ! A défaut de les comprendre, nous avons décidé de leur faire confiance et de tenir pour vérités les mensonges qu’elles profèrent impunément, y compris à elles-mêmes !

    Telle qui prétend vous aimer vit encore dans le souvenir d’un amant idéalisé par le chagrin, et n’aura rien de plus pressé que de comparer ses qualités supposées à vos défauts bien réels pour en tirer la conclusion qu’elle l’aime encore davantage !
    Et telle autre qui fait tout pour se faire aimer n’a comme but que de se rassurer sur son pouvoir de séduction et vous éconduira sans égards une fois votre cœur enflammé !

    Pour ma part je refuse absolument que l’on me montre des vessies en me les présentant comme des lanternes ! Et je te le dis solennellement : pour moi ce sera l’Amour-Passion ou Rien ! Et par Rien, j’entends : tout le reste, qui est, ma foi, fort agréable et dont je me contente fort bien depuis de nombreuses années, comme tu peux en témoigner !

    Si Cupidon, dans son aveuglement légendaire, estime m’avoir déjà suffisamment servi, eh bien, qu’il aille au Diable ! je saurai me passer de ses services ! Et je préfèrerais pactiser avec Belzébuth lui-même plutôt que de passer un compromis boiteux avec ce Dieu bouffi et stupide !

    Sganarelle :
    Belzébuth, mon maître, n’est peut-être pas si loin et il me semble qu’il a déjà pensé à vous il n’y a pas si longtemps, en vous envoyant une garce dont j’ai quelques souvenirs ! Et je ne saurais donc trop vous conseiller d’éviter d’avoir de nouveau affaire à lui.

    Don Carlus :
    Cessons de philosopher, mon ami, cela nous sied mal ! Et partons encore une fois à la conquête de ces étranges et sublimes créatures.

    Le bonheur est sur le chemin du bonheur, dit-on. Explorons donc sans relâche les sentiers escarpés et tortueux du plaisir. Et puisque la vie est courte, multiplions les occasions d’en jouir. Profitons de leur beauté et de leurs lèvres et laissons leurs coeurs aux malheureux à qui elles ont décidé de les offrir !


    Sganarelle (tout bas) :
    Pfftt ! Il me faudra encore supporter à la prochaine rencontre le voir s’emballer plus que de raison et l’entendre ensuite pester contre la gent féminine ! La peste soit de ce fâcheux personnage qui se prend pour ce qu’il n’est pas !





  • L'actualité américaine me renvoie au visage des bouffées de souvenirs pénibles.

    Elle s'appelait Martine. Nous sortions ensemble en Terminale au lycée. Dix-sept ans tous les deux et nous étions déjà  comme un couple. Toujours ensemble, ensemble  pendant les cours, ensemble à réviser, ensemble à la cantine, ensemble hors du lycée.

    La fille la plus romantique que j'ai connue. Son livre de chevet était un recueil de poèmes, écrit par un type qui s'appelait Paul Geraldy intitulé 'Toi et Moi". Les poèmes de ce type étaient...comment dire...? comme de la pâte de guimauve saupoudrée de sucre, nappée de caramel et recouverte de miel !  

    Plus d'un an de mamours, de tendresse et de bisous et le premier souvenir qui me vient d'elle est cette réplique banale : "alors là, ça m'étonnerait!". Les circonstances ? Elle avait un peu saigné pendant l'amour et on cherchait l'explication. "Tes règles? - Non, je les ai eues la semaine dernière ! Peut-être tes ongles à toi? - Non, regarde, ils sont taillés de près !" Elle paraissait soucieuse. Je fis une petite plaisanterie: "Si ça se trouve, c'est un reste de pucelage...". Et sa réponse, murmurée comme à elle-même, qui me glace le sang: "Alors là, ça m'étonnerait !

    Refus catégorique de sa part de m'en dire plus, évidemment. Je n'en ai pas dormi pendant des jours. Qu'est-ce que cela pouvait bien vouloir dire ? Qu'avait-elle subi comme atrocité pour dire une chose pareille sur un ton si triste ? un viol collectif ? Un inceste dans l'enfance ?  Il fallait que je sache la vérité. Je la harcelai pendant des jours et des jours et finis par apprendre le fin mot de l'histoire.

    C'était tout simplement l'horreur ordinaire des jeunes filles de notre époque : un avortement clandestin effectué par une "faiseuse d'anges" avec aiguilles à tricoter et curetage manuel. Voulez-vous des détails ? A 15 ans elle avait été mise enceinte par un ami de son père et ses parents l'avaient confiée au bon soin d'une dame connue pour régler ce genre de problème dans leur région natale. Les avorteuses de l'époque semblaient avoir toutes le même profil : celui de bonne chrétienne chargée d'aider les parents à éviter l'opprobre et la honte mais aussi de faire payer aux jeunes putains qui leur étaient amenées l'horrible péché qu'elles avaient commis.

    Après avoir réglé le sort du foetus à l'aide des aiguilles à tricoter, il fallait nettoyer et enlever les restes. Elle le fit en introduisant à plusieurs reprises sans ménagement sa main tout entière dans le vagin pendant qu'elle accompagnait les gémissements de douleur de la jeune pécheresse d’incantations destinées à montrer sa réprobation envers sa conduite : "ah ben oui ! Il fallait y penser avant, ma fille...! Ah ben oui, c'est ben le moment de regretter, tiens...! Ah ben oui, quand on fait sa putain, il faut en payer le prix, ma fille..." 

    Voilà pourquoi elle n'était plus vierge dans sa tête. Voilà pourquoi elle pleurait en me le racontant. 

    Et voilà pourquoi, accessoirement, je suis pour le droit des femmes à disposer librement de leur corps. C'est pour que, confrontées au drame qu'est toujours un avortement, elles n'aient pas, en plus,  à subir la souffrance, la haine et la honte. 

     


  • J'ai fait l'objet d'une tentative de chantage  ! C'était il y a bien longtemps. On payait encore en francs, c'est dire ! 


     

    Restaurant chinois Le New Pekin

    -  Bonjour Lisa, tu m'inquiètes un peu... c'est quoi, ce truc super important que tu as à me dire ?

    -  Je vais te le dire, mon pote ! Assied-toi pour bien m'écouter !

    -  Ok ! voilà, je t'écoute ! Je suis toute ouïe 

    -  Eh bien, voilà ! je voulais te dire que tu m'as traitée comme une pute ! Eh bien tu vas payer le prix d'une pute !

    -  Mais...??!!! Ca veut dire quoi, ça ? Je ne comprends rien à ce que tu racontes !

    -  Tu comprends très bien, mon vieux !!! Pendant trois mois, tu as couché avec moi quand tu en avais envie et quand tu en as eu marre tu as cessé purement et simplement de m'appeler !

    -  Mais... Lisa... ! Le boulot... la famille...

    -  Ta gueule ! écoute-moi ! Je me suis renseignée : une pute de luxe pour l'après-midi c'est 2 000 francs et on a couché 12 fois ensemble ! Tu me donnes 24 000 balles ou je raconte tout à ta femme !

    -  Mais enfin Lisa... ! Tu deviens folle ? Tu es mariée toi aussi, je te signale. Et tu as deux enfants...!

    -  J'en ai rien à foutre ! Tu vas casquer ou je dis tout à ta femme !

    -  Lisa...! Lisa... écoute-moi !  Je ne t'ai jamais prise pour une pute, enfin ! Nous sommes mariés tous les deux ! Nous avons eu une aventure ! Tout ça c'était des moments de bonheur volés à nos vies bien réglées, c'est tout ! Des souvenirs pour plus tard ! Et je t'assure que j'ai beaucoup de respect et de tendresse pour toi !

    -  Arrête avec ton boniment, mon bonhomme, ça ne marche plus ! Pas avec moi, en tout cas ! Moi, j'en ai marre d'être toujours le dindon de la farce ! Je vais gâcher ton petit bonheur tranquille ! Je vais faire exploser ton petit couple idéal, ta petite famille parfaite ! Hhhmmm, je m'en réjouis d'avance !

    -  Lisa, essaie de te calmer et écoute-moi...

    -  Aaahhh! Il chie dans son froc, le petit monsieur...! il a peur, le baratineur...! Mais je suis très calme, détrompe-toi ! Je n'ai même jamais été aussi calme depuis longtemps, je crois...!

    -  Lisa, c'est ta vie que tu vas gâcher, pas la mienne... Ton mari est...?

    -  J'en ai rien à foutre, je t'ai dit ! Tu vas payer, mon gars, ou je balance tout à ta femme !

    -  Lisa, ça fait plus d'un an que je suis séparé de ma femme ! Ca fait deux ans qu'on se déchire ! Ca fait très longtemps que ma vie de famille n'a plus rien à voir avec "la petite maison dans la prairie" !

    -  Va te faire foutre ! Je n'en crois pas un mot ! Quand j'ai téléphoné chez toi, c'est elle qui m'a répondu  ! Tu me prends pour une conne ou quoi ?

    -  Lisa, calme-toi ! On habite encore ensemble pour les enfants mais on n'est plus ensemble ! Si tu veux je l'appelle tout de suite, je lui explique la situation et je te la passe ! Tu veux que je le fasse ?

    - Arrête...c'est du bluff, je le sais ! Ca ne marche plus avec moi !

    - Ok , fais le numéro et passe la moi. Je lui explique et je te la repasse ensuite

    -  C'est pas vrai...?! Tu es vraiment un salopard de première...! Pourquoi tu ne me l'aurais pas dit... ?

    -  Ben, je sais pas, moi... j'avais pas envie de parler de ça...  peut-être aussi en pensant à toi : mariée,  des enfants, pas envie de tout changer ... Je ne pensais pas que avais envie de quitter ton mari, non plus ! Tu sais ? sans cette légèreté, il n'y aurait jamais eu cette complicité, cette amitié entre nous !

    -  Cette amitié...?!  En fait, tu ne m'as jamais aimé... C'est ce que je disais, tu m'as prise pour une pute...

    -  Mais toi non plus Lisa, tu ne m'as jamais aimé ! Tu as passé ton temps à me parler de ton grand amour de jeunesse ! C'est ça, aimer quelqu'un ?

    -  Ben toi aussi, tu me parlais de ta pouffiasse

    - Oui mais pour moi, c'était juste des souvenirs ! Toi, tu as payé un détective pour retrouver son adresse ! 

    -  Non, j'ai fini avec ça ! C’était bidon tout ça !

    -  Tu as bien fait car ça n’aurait abouti qu'à... attends...! Oh c'est pas possible...! Tu l'as retrouvé, c'est ça, hein...? Tu as eu son adresse et tu as repris contact avec lui ?

    -  Fous moi la paix ! C’est pas de ça qu'on parle !

    -  Ah, salooope ! Tu as repris contact avec lui, ça n'a pas marché et tu viens te faire les nerfs sur moi... !!! Alors là j'en reviens pas...! Tu as couché avec lui ?

    -  Fous-moi la paix, merde ! Qu'est-ce que t'en a à foutre ? Tu es mon mec ? J'ai des comptes à te rendre ?

    - Ben, je suis un minimum concerné quand même, puisque tu voulais me faire payer pour lui !

    -  En fait, tu sais quoi ?

    -  Dis-moi

    -  Je crois que, toi aussi, comme mon mari, tu es trop couille molle, trop bisounours pour moi ! Si on m'avait fait un chantage comme le mien, ça fait longtemps que j'aurais balancé le plat de crevettes sauce piquante à la gueule du maître-chanteur !

    -  Ben, il n'est pas trop tard pour moi.  Mon assiette est encore  pleine !

    -  Essaie un peu,  tu verras ! Tu ne veux plus de tes crevettes ? Je peux te les piquer ?

    - Oui oui, vas-y... Tout cela m'a coupé l'appétit...!

    -  Hé bien, moi ça m'a donné une faim d'ogre au contraire ! Cool, man,  relax ! Y a pas mort d'homme ! 
     

     

     


  • C’était il y a six ans.
    Elle demande au médecin : "dites-moi la vérité, Docteur, qu’est-ce qui me reste à vivre ?"
    - 48 mois en moyenne, mais…

    Putain !!! 48 mois ??? Son espérance de vie se compte en mois ??? 48 mois…! ça fait quoi, 48 mois ? Quatre ans ?

    Je me tourne vers elle. Elle n’a pas entendu. Elle ne s’attendait pas à une réponse aussi rapide. Après avoir posé la question, elle s’est déconnectée mentalement quelques secondes pour bien se caler dans son siège et se préparer à le harceler une fois de plus avec des questions du genre " ne me cachez rien… j’exige de connaître la vérité… j’en ai le droit".
    Elle n’entend donc que la fin de la phrase
    - (48 mois en moyenne mais) nous avons des patientes qui tiennent depuis dix ans.
    _ Dix ans ? dit-elle, l’air pensif ! Ben, c’est pas mal, je m'attendais à moins,  et puis vous aurez trouvé de nouveaux traitements d’ici-là.
    Il la rassure " Oui la recherche sur le cancer avance très vite et chaque année apporte son lot de nouveautés…

    Arrivé à la maison, je me précipite sur Google à la recherche de "cancer du sein avec métastases osseuses" dans l’espoir de… de quoi au juste ?
    Le premier site sur lequel je tombe commence par "bien que les métastases osseuses soit synonymes d’incurabilité…"
    OK, pas la peine d’aller plus loin. Elle est condamnée à mort. L’ablation du sein, la chimiothérapie, la radiothérapie, l’hormonothérapie ne suffiront pas à éradiquer le mal. La mort est en elle, collée sur ses os et prête à se répandre.

    Trois ans se sont écoulés.
    Une particularité de son organisme (une "mutation" de quelque chose) la rend éligible à un médicament très prometteur. Elle commence le traitement. La recherche Google sur ce nouveau médicament donne des articles très élogieux. Une revue médicale parle même de "petit miracle". Le petit miracle en question étant une augmentation de la SSP (survie sans progression -de la maladie-) de… 11 mois, en moyenne. Les effets indésirables sont nombreux (démangeaisons, diabète, somnolence) mais supportables. Elle a perdu trente kilos en trois ans. Elle n’aime pas sa nouvelle silhouette mais curieusement, ayant gardé ses réflexes de femme toujours entre deux régimes amaigrissants, elle continue à m’annoncer ses pertes de poids régulières comme s’il s’agissait de bonnes nouvelles.


    C’était il y a trois mois
    La SSP a atteint ses limites. Les métastases se sont déposées sur son foie. Douleurs insupportables, hospitalisation, antalgiques puissants, morphine, chimio en urgence…

    Puis retour à la maison et une vie à peu près normale ponctuée par les prises de médicaments, la fatigue, la nausée, les prises de sang au labo, les visites médicales et  les séances de chimio hebdomadaires.  Mais aussi la cuisine, le ménage, la déco de l'appart, la télé et les innombrables coups de fil de la famille et des amies.

     

     


  • Il y a des périodes comme ça où de petites choses désagréables vous  déprime plus que de raison.

    Comme ce rendez-vous chez l'opticien le matin à l’ouverture. J'ai mal dormi. Je suis d'une humeur massacrante. En plus on me fait attendre. L’opticienne de service, une jeune femme banale, pas très avenante vient me contrôler la vue. Elle est un peu essoufflée. Ma tête posée sur l’appareil est à une vingtaine de centimètres de la sienne. Elle respire fort et je sens son haleine à travers son masque. C’est l’haleine d’une femme le matin dans son lit. Je fais l’hypothèse qu’elle était en retard et qu’elle a quittée chez elle précipitamment sans manger et sans se brosser les dents, ce qui explique qu'elle soit essoufflée. Et cette mauvaise haleine (pas si mauvaise que ça, en fait) déclenche curieusement dans ma mémoire des impressions agréables. Cette odeur qui me trouble c’est l’haleine du matin d’une femme avec qui on a passé la nuit pour la première fois.

    Quand la nuit s’est bien passée, la "mauvaise haleine" du matin est indissociable du plaisir que l’on a éprouvé durant la nuit.  C’est une ratification de la période d’essai, une attestation de compatibilité sexuelle, un certificat de complicité corporelle. Une odeur intime qui ravive le plaisir et donne envie de recommencer.

    Mais bon, à part une envie -très théorique et très respectueuse !- d’embrasser cette jeune femme, c’est la nostalgie qui m’envahit. L’idée un peu triste que tous ces petits plaisirs de la vie -les premières fois, les sensations nouvelles, les découvertes- appartiennent désormais au passé et aux souvenirs. Il y a un temps pour tout. 

    Ca faisait longtemps que je n'avais pas eu envie intime d'embrasser une femme. Ca me rassure un peu, mais je sens que ça va m'arriver de plus en plus rarement.

     

     

     


  •  2006

    "As-tu pensé à descendre la poubelle ? !"
    La femme qui me parle ainsi sur un ton sec et autoritaire, cher lecteur, est la femme de ma vie. Je ne vis avec elle que depuis un an mais elle a envahi ma vie et effacé mon passé. Une petite brune austère dont la sévérité des traits est à peine atténuée par de grands yeux candides. 
    Son caractère autoritaire et acariâtre et les nombreuses disputes qui occupent le plus clair du temps que nous passons ensemble auraient dû faire de ma vie un calvaire.
    Mais il n’en est rien, mes amis. Cette femme est, en dépit de tout cela, l’amour de ma vie et je n’imagine pas une seconde pouvoir aimer une autre femme qu’elle. Car, voyez-vous, cher lecteur, cette femme, en apparence banale, a une particularité étonnante. Contrairement à toutes ces créatures étranges qui attendent la tombée de la nuit pour se transformer en créatures maléfiques, ma belle se métamorphose quand vient la nuit en un ange auréolée de lumière.
    Le rituel est immuable : tous les soirs, après un bref passage dans la salle de bains, elle entre dans la chambre l’air grave, la tête penchée, affairée à enlever ses boucles d’oreilles. Puis elle les pose soigneusement dans un écrin de nacre, se place devant le miroir, défait son chignon austère et lâche ses longs cheveux noirs qu’elle brosse quelques secondes. Puis elle se tourne et avance vers moi.

    Et c’est là, à ce moment précis, cher lecteur, que la première phase de la transmutation a lieu. La mégère acariâtre a disparu pour laisser place à un ange immaculé, virginal dans sa tunique blanche décorée de petites fleurs printanières, son abondante chevelure auréolée de lumière (est-ce le reflet de la lampe sur le miroir ? Je n'en sais rien et peu importe, cher lecteur incrédule). Son regard se remplit de douceur et ses gestes deviennent délicats et attentionnés. Et rien de ce qui faisait sa personnalité diurne ne subsiste. Il ne reste que la douceur de ses gestes, l’éclat de son regard et son sourire de madone.
    Elle vient s’allonger contre moi quelques fois sans rien dire, d’autres fois en me susurrant des mots qui me troublent, des mots qui embrasent ma mémoire et chaque pore de ma peau. Et c’est là que survient la deuxième phase de la métamorphose, cher lecteur. L’ange immaculé et virginal devient une déesse de l'amour me faisant l’offrande sublime de sa sensualité.

    " Mon bien-aimé parle et me dit : Lève-toi, mon amie, ma belle, et viens ! Mon bien-aimé est à moi, et je lui appartiens."

    Une femme qui retrouve des attitudes ancestrales et des mots qui remontent à la nuit des temps.

    "Je suis à mon bien-aimé et vers moi se porte son désir".

    Des mots simples qui me transportent hors du temps et me projettent sur les remparts fortifiés de Jérusalem, dans les jardins suspendus de Babylone ou dans la tente dépouillée d’un conquérant mongol.

    "Lève-toi, aquilon ! Souffle, vent d’autan ! Soufflez sur mon jardin, et que les parfums s’en exhalent ! Que mon bien-aimé entre dans son jardin et qu’il mange de ses fruits succulents !"

    Des mots et des gestes qui dégagent tant de sensualité que l’univers tout entier ne suffirait pas à la contenir.

    "Je me suis assise à l’ombre de mon bien-aimé et j’y ai pris plaisir et son fruit est doux à mon palais".

    Des mots qu’elle murmure à mon oreille dans l’obscurité de la nuit qui se confondent avec les rêves immémoriaux de mes gènes.

    Au petit matin, une fois retrouvées nos personnalités diurnes, je la regarde et je m’interroge… Ces mots que j’entends sont-ils bien ceux qu’elle prononce ou est-ce moi qui les imagine dans son regard et sur ses lèvres ?

    Et dans nos petits matins blêmes, dans ce décor de formica, trivial et médiocre, juste avant la prochaine dispute, je m’approche d’elle et la prends dans mes bras. Je la regarde. Et elle lit dans mes yeux :

    Toi qui apparais comme l’aurore,
    Belle comme la lune, pure comme le soleil,
    Mais terrible comme des troupes sous leurs bannières,
    Tu m’as ravi le cœur, ma douce, ma bien-aimée.
    Tu m’as ravi le cœur par ton regard.
    Que de charme ont tes amours, ma femme, ma bien-aimée !
    Ton odeur est plus douce que tous les parfums,
    Plus exquis que tous les aromates !
    Tes lèvres, ma bien-aimée, distillent le miel.
    Et ton souffle a la fraîcheur des montagnes du Liban".

     



    Ps : toutes les citations sont extraites du Cantique des cantiques de Salomon.

     


  • Parfois un tout petit détail peut vous gâcher une soirée de rêve.  Une chatte jalouse, par exemple… !

    Avec Cynthia, j’avais eu l’honneur d’être présenté à Princesse dès le début de nos échanges webcam ! Elle tchatait avec sa chatte sur ses genoux, lui demandait régulièrement son avis et me faisait part de ses réactions et parfois de ses réserves. Princesse, par exemple, n’était pas d’accord pour que les choses aillent trop vite entre nous. C’était une façon de me dire des choses avec humour ! Quoique…

    J’ai pu vérifier le jour où, après deux semaines d’échanges virtuels, elle m’a invité à passer le week-end chez elle. Enfin… invité ! On se rencontrait depuis une quinzaine de jours après le boulot et on se faisait des petits bisous à la terrasse des cafés. De tout petits bisous car elle était pudique et n’aimait pas "s’exhiber en public", disait-elle. Ceci dit, moi non plus, je ne suis pas amateur de baisers fougueux dans la rue. Il fallait donc trouver quatre murs disponibles pour aller plus loin, sinon on en serait encore aux bisous furtifs dans six mois. Chez moi, pas possible à cause de mes ados. L’hôtel, pour elle, même pas en rêve ! Ca ne pourrait être que chez elle, quand ses enfants ne seraient pas là.

    L’occasion se présenta la semaine suivante : Ce week-end là,  ses enfants seraient chez leur père. Je lui propose donc qu’on en profite pour passer le week-end ensemble chez elle. Mais elle trouve que c’est trop tôt. Ohlala ! Il faut savoir que le père, habitant en province, ne prend les enfants qu’un week-end PAR MOIS ! Je me vois donc obligé de sortir ma botte secrète : promis-juré, ce sera un week-end de bisous et de caresses avec promesse sur l’honneur que ça n’ira pas plus loin. Je dormirai dans la chambre d'amis, promis-juré sur la tête de mes enfants. (Non, non, rassurez-vous, mes amis, ma botte secrète ne consiste pas à commettre un parjure ! Elle consiste à faire l’analyse qu’un engagement réciproque peut être levé à tout moment avec l’accord des deux parties.)

     Elle n’avait donc pas ses enfants mais… elle avait Princesse.

    Samedi après-midi, un petit tour au musée pour admirer une exposition d’Archiboldi, (histoire de se cultiver un peu et de bien lui montrer que pour moi, il n’y a pas que le cul dans la vie) et on rentre chez elle pour dîner. Elle me fait faire un tour rapide du propriétaire puis m’installe sur le canapé pendant qu’elle va dans la cuisine américaine, ouverte sur salon, préparer l’apéro.

    Arrive alors Princesse la démarche prudente, le regard fixé sur moi, se demandant manifestement ce que je fous là !  Cynthia la voit passer et l’interpelle :

    "Ah te voilà, ma Princesse ! Tu connais déjà Carlus, je crois, pas besoin de faire les présentations !"

    puis elle tourne le dos pour passer le bac à glaçons sous le robinet.

    Princesse continue à avancer lentement vers moi, s’arrêtant net à chaque fois que je fais le plus petit mouvement, le regard toujours fixé sur moi.

    Je continue à parler à Cynthia sans quitter la chatte du regard, pour le cas où elle me bondirait dessus… on ne sait jamais !

    Cynthia jette un coup d’oeil dans le salon.

    - Mais ne fais pas ta timide, enfin, Princesse ! C’est le monsieur que tu as vu sur l’écran de l’ordinateur l’autre jour… mais si, souviens-toi… !"

    puis elle retourne vaquer à ses occupations.

    Arrivée à l’autre extrémité du canapé, Princesse fait un petit bond (très gracieux !) et s’y installe, recroquevillée sur elle-même.  Bon, je me détend un peu,  il y a bien… quoi ? un mètre cinquante qui nous sépare, tout va bien !

    Mais le temps que j’évalue la distance, Princesse a changé d’avis. Elle se redresse et s’avance lentement vers moi. Arrivée à côté de moi, elle vient se frotter la tête et le flanc doucement sur mon bras. Cynthia est toujours en train de me parler, le dos tourné, et je n’ose pas lui dire de rappeler sa chatte. Après avoir vérifié l’absence d’hostilité de ma part, et m’avoir marqué comme faisant partie de son territoire, la chatte s’installe tranquillement sur mes genoux, sa queue autour du corps, les yeux mi-clos. Je vais pour me lever afin de l’obliger à dégager mais, évidemment, Cynthia arrive avec son plateau dans les mains juste à ce moment-là.

    "Oh tu vas vu ? Elle t’a déjà adopté !"

    Oui, j’avais vu !

    Elle dépose le plateau sur la table du salon, vient s’asseoir à côté de moi, caresse ma nuque d’une main et Princesse de l’autre main. Comme pour l’encourager à rester sur moi.

    Je me sens mal à l’aise, il faut que je lui dise que je n’aime pas beaucoup avoir les poils d’animaux, aussi propre soient-ils, sur mes vêtements. Mais en même temps je n’ai pas envie non plus de gâcher une nuit d’amour annoncée, par une maladresse. C’est qu’elles ont l’air d’être bonnes copines, ces deux-là ! Je lui dis :

    "Oui, c’est curieux, d’habitude, entre les chats et moi, le courant ne passe pas trop".

    Elle me répond :

    " Aaahh mais là, c’est différent ! C’est qu’elle a senti le mâââle ! Hein ma coquine, que tu fais ta câline avec Carlus, hein, dis moi ?"

    Mon malaise augmente de cinq degrés sur l’échelle du stress qui en compte six ! J’ai une sainte horreur de l’humour zoophile, même bon enfant, comme c’est le cas, là !

    Merde, merde, il faut que je prenne sur moi ! Surtout, ne pas tout gâcher, là, juste au début d'une nuit prometteuse, mais pas garantie !

    Bon, Ok, va pour l’humour zoophile ! Je lui dis :

    "Mais… Il y a un gros malentendu, là ! Je pensais que c’était avec toi que je devais passer le week-end !"

    Elle me gratifie de son beau sourire et se penche sur moi pour m’embrasser, juste au-dessus du dos de Princesse toujours impassible.

    " Mais c’est bien avec moi, Monsieur ! Et je ne suis pas prête à partager ! Je suis très jalouse"

    Hmmm ! L’affaire s’annonce bien et je sens que l’engagement de s’en tenir aux bisous n'est pas loin de devenir ridiculement caduque !

    Mais ce chat m’énerve, il faut que je m’en débarrasse ! Je lui dis :

    " Attend, je vais faire le service"

    et je me lève sans attendre sa réponse. Elle prend sa chatte sur elle et la caresse. Je lui sers un verre et sous prétexte d’admirer les tableaux accrochés aux murs, je prends de la distance pendant un moment, histoire de me décrisper un peu.

    Au bout d’un moment, je retourne m’asseoir à côté d’elle et aussitôt Princesse se lève et s’installe à nouveau sur moi. Avec bien entendu la bénédiction de sa maîtresse. Je réagis en me penchant pour embrasser Cynthia et, en passant ma cuisse opposée sur la sienne, je force Princesse à aller voir ailleurs si j’y suis. Après un long baiser, je lui murmure à l’oreille :

    " Mais dis-moi, tu ne m’as pas encore fait visiter ta chambre, il me semble…!"

    Elle me répond :

    "C’est là, là-haut, juste devant toi" en me montrant la mezzanine.

    Ah merde ! Evidemment pas de porte à la chambre ! Pftt… Quelque chose me dit que ça va être compliqué !

     

    Et de fait, ce fut compliqué ! Après un diner léger arrosé d'un excellent Sancerre (qui l'a rendu, me dit-elle, "pompette") elle me fait visiter sa mezzanine. Je la prends dans mes bras, l’allonge sur le lit et commence à l’embrasser quand Princesse saute sur le lit pour nous rendre visite. Par deux fois, elle lui dit gentiment

    " Allez ouste, Princesse, va-t’en, il n’y a rien à voir pour toi ici"

    mais Princesse s’en fout, évidemment ! A deux reprises encore, elle quitte mes bras pour aller la prendre et la descendre au salon. La troisième fois, j’étais à moitié allongé sur elle, sous la couette (tout habillé, car même si je la sentais prête à le faire, elle ne m’avait pas encore formellement libéré de ma promesse !)  lorsque je sentis un poids s’affaisser sur mes cuisses ! Là je dois avouer que j’ai perdu mon self-control :

    " Ah non, merde,  là je ne peux pas, vraiment désolé, mais je ne peux pas.." 

    Cynthia me dit :

    "Calme-toi, attends, je vais la mettre dans la chambre des enfants" !

    Mais le problème ne fut pas réglé pour autant ! Princesse se mit à gratter la porte et à émettre des miaulements de désespoir.  Et cette fois c’était Cynthia qui était dans l’embarras et qui fit vingt pauses dans nos étreintes pour lui hurler:

    "J’arrive dans un moment, ma Princesse, arrête de faire ta capricieuse…"

    Au bout d’un moment, ayant bien compris que Princesse n’était pas prête à céder, et que ma belle ne serait pas détendue tant que sa copine serait enfermée, je décidai de faire contre mauvaise fortune bon coeur et lui demandai moi-même de libérer Princesse.

    Mais ne pouvant me résoudre à dormir avec la possibilité qu’un chat vienne me bondir dessus pendant mon sommeil, je passai la nuit dans la chambre des enfants, porte close. 

    Avec comme motif affiché que je devais respecter la promesse (sur la tête de me enfants, quand même, ce n’est pas rien !) de passer avec elle un week-end chaste.

     

     

     

     


  • Pour transformer en moment de plaisir les embouteillages de fin de journée , il y a deux méthodes  : de la bonne musique si on on a envie d'être seul au monde ou, si on a envie de rester au milieu de ses contemporains,  une bonne émission radiophonique pour insomniaque comme l'émission "Allo Macha" de Macha Béranger.

    A l'époque, je vivais en Martinique et je bénéficiais de ce point de vue d'un avantage en nature très appréciable : le décalage horaire ! Pouvoir écouter en rentrant chez moi après le boulot dans les embouteillages de fin de journée l'émission "Allo Macha" de Macha Béranger diffusée en pleine nuit à Paris, était un vrai bonheur.

    J'allume la radio, l'émission est en cours. La nuit se fait immédiatement autour de moi. Les bruits de fond disparaissent. Il n'y a plus que la voix grave de Macha et celle, anxieuse, de son invitée au bout du fil.

    Macha : Mais quand vous dites que cet amour vous a détruite, ça veut dire que...

    L'invitée : Ah oui, Macha, c'est une histoire qui m'a complètement ravagée… et d'ailleurs je ne sais pas si je peux dire aujourd'hui que j'en suis sortie...

    Macha : Oui, je comprends, mais c'est une histoire que vous avez... 

    L'invitée :  C'est une histoire dans laquelle j'étais complètement investie, oui !  C’était une obsession : je me réveillais avec lui, je m'endormais avec lui, je pensais  à lui à tout moment de la journée...

    Macha : Ah oui, en effet ! Et... ça a duré longtemps ? 

    L'invitée : Eeuuhhh... je vous avoue, Macha, que je ne sais même plus aujourd'hui combien de temps ça a duré... des mois et des mois... peut-être des années...

    Macha : Vous en avez parlé à votre entourage ? à vos amies ? ou même à votre médecin peut-être ? 

    L'invitée : Oui , j'ai même vu un psy pendant quelque temps, sur les conseils de mon médecin !  Mais ça n'a pas duré ! Je n'ai pas donné suite, il ne me comprenait pas....

    Macha : Oh vous savez, dans ce domaine, il faut quelques fois persévérer pour obtenir des résultats...!

    L'invitée : Non, ça ne faisait que compliquer les choses.... 

    Macha : Ok ! Alors dites-moi  lui, cet homme objet de votre amour absolu, comment  réagissait-il ? 

    L'invitée : Lui, il s'en foutait complètement...

    Macha : Oui... vous savez, ce genre d'amour fait peur aux hommes, parfois !    Comment réagissait-il quand vous lui parliez de vos sentiments ?

    L'invitée : Non, je ne lui en ai jamais parlé, Macha

    Macha :  Vous ne lui avez jamais dit que vous l'aimiez ?

    L'invitée : Je ne lui ai jamais parlé, Macha

    (silence) 

    Macha : Ah ? Dites-moi,  vous vous voyiez souvent ? 

    L'invitée: Tous les jours ! Je le croisais tous les jours  !

    Macha : Mais il n'y a jamais eu d'histoire entre vous, en fait ?

    L'invitée : Comment ça ...? Mais c'est justement de cette histoire que je vous parle, Macha !

    Macha : Oui, oui, excusez-moi, je me suis mal exprimée ! Je voulais dire : Vous ne faisiez que le croiser au bureau...? il n'était pas au courant de vos sentiments, c'est ça ?

    L'invitée: Non, il n'en savait rien ! Je n'ai jamais osé lui adresser la parole, en fait ! 

     


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