• Théâtre : L'Opération spéciale


    Acte I, scène I : La Préparation

     

    - Vladimir : Chers conseillers, j’ai choisi les trois meilleurs d’entre vous pour avoir des conseils avisés sur un projet que j’ai longuement mûri.

    - Les trois conseillers (d’une seule voix) : Chef, oui, Chef !

    - Vladimir : Voilà ! J’ai bien réfléchi depuis 24 heures et il me semble que faire de l’Ukraine une province russe ne prendrait que deux ou trois jours maxi pour un bénéfice géopolitique et surtout personnel considérable. Merci de me dire avec sincérité ce que vous en pensez !

    - Les trois conseillers (d’une seule voix) : Chef, oui, Chef !

    10 minutes plus tard

    – Vladimir : Bon, Antonov, vous êtes viré. Regagnez votre domicile avec votre famille et n’en sortez que si je vous en donne l’ordre.

    - Antonov : Mais, chef, j’ai juste suggéré qu’il pourrait y avoir une éventuelle résistance des…..

    - Vladimir : Taisez-vous, imbécile ! Il n’y a pas eu de résistance lorsque j’ai annexé la Crimée, pourquoi en serait-il autrement pour l’Ukraine ? Je ne veux plus vous entendre ! Sortez de ma vue ! A la niche !

    (Antonov, s’en va, la tête basse)

    - Vladimir : Quant à vous, Dimitri, vous êtes un traître à la patrie, un criminel vendu à l’Otan, je le savais depuis longtemps. Vous êtes en état d’arrestation.

    - Dimitri : Mais chef, je ne faisais qu’évoquer les réactions internatio… ?

    - Vladimir : Silence, traître ! Quelles réactions ? Celle d’un président sénile incapable de grimper deux marches sans se casser la gueule ? Celles de cette communauté LGBT nommée Union Européenne ? Celles de Monaco ? Celles du Lesotho ? Vous êtes un traître et vous aurez le sort que je réserve aux traîtres ! Gardes, emparez-vous de cet homme !

    (Dimitri s’en va, encadré par deux gardes)

    - Vladimir : Ah, mon bon Sergueï, pas facile de trouver de bons conseillers de nos jours. Toi, au moins, tu m'as toujours été fidèle. Viens avec moi, nous allons mettre au point les détails de cette petite… comment pourrait-on appeler cela ?

    Sergueï : Eeuuhhh… "Petite opération d’annexion territoriale" ?

    - Vladimir : Mais non, imbécile ! L’objectif est au contraire de minimiser l’impact psychologique que pourrait créer l'idée d' annexion !

    - Sergueï : "Petite guerre de récupération d’un territoire qu’on nous a volé" ?

    - Vladimir : Bon, arrête de faire des propositions, Sergueï ! J’appellerai ça "intervention patriotique"… Non, non, trop guerrier… ! "Opération de restitution"… Non ! "Opération… spéciale" ! Voilà ! "Opération spéciale", ça fait simple descente de police, limitée dans le temps et dans l’espace !

    - Sergueï : Bravo, chef ! Vous le sens du mot juste, chef ! Nos ennemis n’y verront que du feu ! Vous êtes un génie, chef !

    - Vladimir : Et d'ailleurs l’objectif de cette opération spéciale sera non pas d'annexer quoi que ce soit mais d’arrêter et de juger le président nazi de ce territoire martyr !

    Sergueï : Nazi ?

    - Vladimir : Oui, nazi ! J’ai fait ma petite enquête, les gens n’aiment pas les nazis

    - Sergueï : mais… Il n’est pas Juif, lui ?

    - Vladimir : Oui, et alors ? Hitler aussi était juif, c’est bien connu. Lavrov me l’a confirmé hier encore

    - Sergueï : mais, je ne comprends plus… L’opération spéciale, ce n’était pas pour annexer l’Ukraine ?

    - Vladimir : C’est là le trait de génie, mon bon Sergueï (clin d’œil). Je débarque en Ukraine en toute innocence et sans arrière-pensée pour arrêter et juger leur président juif nazi, et devant leur refus de me le livrer, je me verrai contraint et forcé d’annexer le pays.

    - Sergueï : Ah... c'est génial, Chef ! Et... comme ça, juste pour parler,  s’ils acceptent de vous le livrer ?

    - Vladimir : Tout est prévu, mon bon Sergueï. Dans ce cas, je te nomme président par intérim de l’Ukraine. Tu organises un référendum  donnant 95% de la population favorables au rattachement de l’Ukraine à notre mère patrie et le tour est joué !

    - Sergueï : Vraiment génial, Chef ! Vous êtes un des plus grands stratèges militaires que le monde ait connu

    - Vladimir : J’ai déjà préparé la formule : " Si l’armée ukrainienne ne dépose pas les armes dans un délai de 48 heures, je me verrai dans l'obligation de priver l'Ukraine de son « statut d’État ».

    - Sergueï : Quel génie vous êtes, chef ! Comme ça, tous les peuples du monde verront que vous êtes un homme de dialogue et de compromis, et que c’est le refus des Ukrainiens qui vous a conduit à utiliser la force.

    - Vladimir : Et pour l'effet de surprise, j'ai mobilisé tous mes agents de  "public relation"  occidentaux pour convaincre le monde que je n'ai aucune intention belliqueuse.

    - Sergueï : C'est qui, nos agents de relation publique occidentaux ? Je les connais ? 

    - Vladimir : Non, tu les connais pas. Une bande de crétins serviles qui n'ont comme seule utilité interne que de foutre le bordel chez eux et comme seule utilité internationale celle de chanter ma gloire. Il y a une cassette sur le bureau, si tu veux rire un peu !

    - Sergueï : Ah je veux bien, oui ! C'est celle-là ? 

     

    - Sergueï (mort de rire) : Ah les cons ! En matière de ridicule, la réalité dépasse parfois la fiction !  Aucun humoriste n'aurait osé leur prêter de tels propos !

    - Vladimir : Oui, mais bon, soyons indulgents. Ils ont fait le job qu'on attendait d'eux. On ne va quand même pas se plaindre que la mariée soit trop belle ! 

     - Sergueï : Oui... trop amoureuse, en l'occurrence ! 

     


     

     

    Acte I, scène 2 :  A suivre 

     

     

     

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