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    La première fois que j’ai succombé à la tentation délicieuse et coupable de l'aventure extra-conjugale, c’était avec Muriel, une femme pourtant plutôt froide et autoritaire. Ca m'est arrivé après dix ans de fidélité. Dix ans de mariage et pas une tromperie ! Que celui (ou celle) qui a fait mieux me jette la première pierre ! Le défi ne s’adresse, bien sûr, qu'aux personnes de la vraie vie, celles dont la chair est faible, celles qui ne savent pas résister à la tentation, celles qui n’ont qu’une vie et qui se demandent tout le temps si elles ne sont pas en train de la gâcher ! Et qui en se demandant cela, la gâche peut-être...!

    Enfin, bref, c’était une "Supervisor Manager" d'un gros cabinet d'audit, détachée dans mon service pendant deux mois pour suivre et contrôler le respect des nouvelles procédures que nous étions en train de mettre en place.
    36 ans, divorcée, pulpeuse, vêtements un peu austères mais moulants, le port un peu rigide, le regard assuré, la répartie un peu garce, ne baissant jamais les yeux devant un regard insistant, sachant évoluer en milieu hostile sans se laisser marcher sur les pieds, voilà l’impression toute professionnelle que j’eus d’elle après une semaine.

    Elle restait au bureau relativement tard, autour de 20 heures parfois, ce qui fait que nous nous retrouvions tous les deux seuls au 4e étage et que nous discutions un peu avant de nous en aller. De boulot au début, puis de plus en plus de choses et d’autres, émission de télé, actualités…

    Un jour, au cours d'une conversation banale, elle me dit qu’elle s’était acheté une console de jeux et qu’elle passait une grande partie de ces week-ends à y jouer. Cette petite confidence sans conséquence me troubla. J'étais troublé qu'elle me parle de sa vie personnelle, qu'elle dévoile une fragilité, qu'elle me fasse savoir indirectement qu'elle vivait seule... Etait-ce une ébauche d'esquisse d'autorisation de lui faire des avances ? Mais quoi ? peut-être aussi que je me trompais du tout au tout... Je décidai de me lancer prudemment en lui rappelant que j’étais marié (puisque de toute façon elle le savait ) et que j'étais un bon père de famille. Vous voyez le genre ? "Ah oui ? Une Game Gear ? C'est le cadeau à la mode. Ma femme envisage d’en offrir une à notre fille aînée pour la Noël ! Moi, je ne sais pas si c'est de son âge, je veux d'abord voir ce que c'est, je ne sais pas du tout de quoi ça parle, ces trucs !" 

    J’obtins comme réponse : "Hé bien, passez chez moi un de ces jours, je vous ferai une démonstration et vous verrez que vos craintes ne sont pas du tout fondées."

    Ô mon Dieu ! Elle n’avait pas terminé sa phrase que je compris que j’avais une énorme envie d’elle, une gigantesque envie de sexe avec elle, avec une autre femme que ma femme ! Je l’aimais pourtant, la mère de mes enfants, et je n’avais pas envie de lui faire de la peine, pas envie de l’humilier, pas envie de la tromper ! Mais il me venait comme une évidence que ce n’était pas possible que je n’ai de relations sexuelles qu’avec elle pour le reste de ma vie ! Il m’apparaissait que ce n’était pas dans l’ordre des choses qu’un homme, que moi en l’occurrence, je ne fasse plus désormais l’amour qu’à une seule et unique femme et de surcroît à une femme dont je connaissais tellement le corps, et dans ses moindres recoins, dont je connaissais tellement les réactions à chaque caresse, à chaque position que, paradoxalement, il n’y avait plus d’émotion possible avec elle !

    Ne m’en veuillez pas, chères lectrices qui me faites la grâce de me lire, je sais bien que vous désapprouverez la suite de cette histoire et que vous penserez que les hommes sont des êtres frustes et grossiers, mais pour moi, ce soir-là, c’est l’amour conjugal qui me paraissait hygiénique et dénué de sentiments et l’amour extraconjugal qui me semblait porteur d’émotions, de douceurs sensuelles et de plaisirs divins.

    Je pris quelques jours pour habituer ma femme à l’idée que je rentrerais tard les jours suivants en lui racontant que de gros clients nous avaient mis la pression pour avoir leur dossier avant la fin du mois sous peine de nous retirer la mission, que cela signifiait des réunions de travail très tard le soir à prévoir bientôt et que j’en avais marre et que j’envisageais sérieusement de démissionner ! La pauvre chérie m’apporta avec tendresse son soutien, m’assura qu’elle partageait mes soucis, m’encouragea à réfléchir avant de prendre une décision aussi grave.

    Quelques jours après, je me retrouvai chez Muriel pour une démonstration de Game Gear ! Je me souviens d’une légère odeur de friture quand elle m’ouvrit sa porte. Elle commença par me faire la visite de son bel appartement, coquet et bien rangé : le salon, le coin cuisine, le petit balcon… Au moment où elle me montrait sa chambre, à la vue de son lit un peu défait, je n’ai pas pu résister à la tentation de la prendre dans mes bras. Elle s’est laissée faire avec passivité et sensualité.

    Ah quel bonheur ! Quel bonheur de toucher une femme pour la première fois, de caresser un corps que vous n’aviez pas le droit de toucher quelques secondes auparavant ! Quel bonheur d’ouvrir le corsage d’une femme et de découvrir son ventre, de dégrafer son soutien et de voir ses seins lourds offerts à vos caresses, à vos baisers, à vos suçons. Quel bonheur de s’allonger sur le lit d’une femme tout en l’embrassant, de lui caresser le corps en se dirigeant lentement vers son sexe. Quel bonheur de lui toucher le sexe à travers la culotte et de palper la douce humidité de son désir. Quel bonheur d’enlever la culotte d’une femme en train de vous embrasser et qui ne fait rien pour vous aider, à part soulever légèrement le bassin pour rendre la chose possible. Aaah, Quel bonheur, quel plaisir de voir et de sentir une femme s’abandonner avec une sensualité lascive à votre désir impatient ! Quel plaisir de la voir réagir au moindre de vos gestes, de sentir ses cuisses s’écarter sur un simple effleurement de vos doigts, de la voir ouvrir la bouche pour vous offrir ses lèvres juste parce que vos lèvres sont à portée des siennes !

    Je lui fis l’amour avec fougue et passion, désireux de profiter pleinement de ma vie sexuelle enfin retrouvée, mais aussi avec tendresse, soucieux de ne pas lui donner le plus petit motif de penser que je la traitais en "maîtresse d'un homme marié".

    Elle me fit un ultime cadeau en me lançant une bordée de mots grossiers au moment où elle atteignait le summum de son plaisir. Un cadeau, non pas parce que j’aime entendre des grossièretés pendant l’amour, mais parce qu’il était évident que cela échappait à sa volonté et qu’elle les aurait volontiers contenus si elle avait eu le moindre contrôle sur elle-même. Un cadeau, parce qu’il était important pour moi, à ce moment-là, d’être certain que je pouvais faire jouir une autre femme que la mienne.

    Une fois nos sens apaisés, je restai allongé un moment sur le lit, elle blottie contre moi, tous les deux en train de fumer. Il était déjà 23 heures passées, il allait falloir que je m’en aille… Mais le sentiment de mélancolie et de culpabilité post-coïtus propres aux grands naïfs (dont je suis) me paralysait un peu : n’y-avait-il pas là un énorme malentendu ? Peut-être était-elle amoureuse de moi ? peut-être pensait-elle que j’allais quitter ma femme pour elle ? Mon Dieu, dans quelle situation me suis-je mis ?  Pauvre petite, il allait falloir lui dire avec beaucoup de tact que ça avait été une belle aventure mais que la vie est quelque fois cruelle avec les gens qui s'aiment et que…

    C’est elle qui me ramena à la raison : " Houla, il est déjà onze heures ! Il faut que tu y ailles, ta femme va s’inquiéter !"

    - Euh... oui,  oui, je vais y aller ! On se revoit quand ?

    - On ne se revoit pas. Ma mission se termine la semaine prochaine.

     

     


  • Septembre 2005

    Le début

    Cynthia, ce fut une rencontre Meetic : quelques mails, suivis de conversations webcam avant un rendez-vous. 44 ans, blonde, yeux bleus, plutôt jolie et bien gaulée. Dès la première rencontre, on discute deux ou trois heures de tout et de rien, tout naturellement, sans avoir à chercher un sujet de conversation. Je me demande même, à un moment, si ce n'est pas une affinité amicale. Elle téléphone à la nounou pour lui dire qu’elle aura une heure de retard. Non, Ok, ce ne sera pas une bonne copine.

    Au moment de se quitter, en rejoignant sa voiture, elle sort de son sac un paquet de kiss cool et m’en offre un avant d’en prendre deux. Je vous vois sourire… Moi aussi, comme vous, j’aime bien le message que constitue une prise de kiss cool chez une femme juste avant le moment de se dire au revoir. Ca me rassure quelque part. C’est comme un bristol d’invitation validé par Nadine de Rotchild sur lequel serait noté : "Madame Cynthia ne serait pas hostile à l’idée de vous accorder un baiser avant que vous la quittiez à l’entrée du parking. Elle est plutôt émue à cette perspective et tient à mettre toutes les chances de son côté pour faire bonne impression et vous en laisser le meilleur souvenir." Donc acte.

    La love story

    A la troisième rencontre, on décide de passer le week-end ensemble et ça se fera chez elle puisqu’elle n’a pas ses enfants ce week-end ! Assez curieusement cependant, avant de commettre l’irréparable, elle me fait venir chez elle la veille pour me les présenter. Un garçon de 12 ans et une fille de 8 ans, tous deux d’origine roumaine qu’elle a adoptés avec son ex-mari il y a quelques années car ils ne pouvaient pas avoir d’enfants. La fille est un petit ange de douceur, le garçon un peu plus hostile ! Mais ça, je peux comprendre les réticences d’un garçon de son âge qui voit sa mère avec un autre homme que son père !

    Ensuite, vient une période de deux ou trois mois où l’on sort ensemble, où on se découvre, où on savoure le plaisir d’être ensemble, de discuter, de faire l’amour, la période où quand on rencontre un problème, on s'accorde tout naturellement le bénéfice du doute. Avant que la vie ne se charge de tout balayer à coups de petits problèmes difficiles à régler et finalement insurmontables.

    Les problèmes

    -1) Ses relations avec son fils sont très difficiles et elle ne me dit pas si c’est dû à notre relation ou si c’était déjà le cas avant. Un jour il va jusqu’à la traiter de conne en ma présence (-non, je ne t’achèterai pas ce jeu, il est trop violent ! - Non, c'est pas vrai, il n’est pas violent, il n’y a que les connes qui disent ça !).
    Elle a des larmes aux yeux. Je ne sais pas quoi faire. Plus tard dans la soirée, j’essaie de lui dire… quoi, au fait ? de ne pas s’en faire pour moi… que je sais ce que c’est… qu’elle est une bonne mère… que les ados à cet âge-là sont difficile mais qu’ils vous aiment quand même… mais je ne trouve peut-être pas les mots qu’il faut et de toute façon, dans ces cas-là, elle n’a pas envie d’en parler avec moi.

    -2) Moins sérieux, mais très agaçant : Cynthia fait partie de cette catégorie de gens de gauche qui veulent être de gauche dans tous les compartiments de leurs vies ! Toute discussion, pas seulement avec moi mais également avec ses amis et voisins, ne se résume qu’à une question, quel que soit le sujet : de gauche ou de droite ? Les voisins ? il y a ceux qui sont de gauche et ceux qui sont de droite ! La peinture ? Elle aime Picasso parce qu’il est de gauche et n’aime pas Dali parce qu’il est de droite ! Une bonne comédie ce week-end ? Elle aime Arditi et Torreton, elle n’aime pas Weber et Palmade ! (une exception-ouf- : elle n’aime pas Balasko !) Un Spectacle ? Elle aime Cali et Benabar et n’aime pas Charlélie Couture et Julien Clerc ! Croyez-moi, si cela peut prêter à rire au début, cela devient vite insupportable !

    -3)  Cynthia se veut intello et ne lâche jamais prise ! Un exemple ? Après une journée de boulot épuisante, un conflit avec son fils qui est finalement monté se coucher sans dîner, un mot du professeur de sa fille laissant entendre qu’elle aurait copié sur sa voisine (ce que la petite a reconnu, à son grand étonnement, d’où une très longue leçon de morale, les larmes aux yeux), et cerise sur le gâteau, la nounou qui se décommande au dernier moment, après tout cela donc, je lui propose une soirée détente façon légume devant la télé avec plateau fromage et vin de Cahors ( et plus si affinités). Elle est d’accord, se blottit contre moi, la tête au creux de mon épaule, épuisée nerveusement et fume une cigarette devant un reportage d'Arte sur la réunification de l’Allemagne avant de s’assoupir. Je zappe un peu et je tombe sur Astérix et Cléopâtre, version Alain Chabat ! Chouette, je ne l’ai pas encore vu ! Hé bien, à plusieurs reprises, elle émerge péniblement de son sommeil, juste pour me demander de lui remettre Arte avant de s’endormir à nouveau.

    La fin

    Cynthia au bout de quelques mois éprouve le besoin de clarifier notre relation. Sans me dire exactement ce qu’elle attend de moi, elle me demande à plusieurs reprises de lui dire comment je vois notre relation. La question me paraît curieuse car je dors déjà la moitié du temps chez elle, je passe la totalité de mes loisirs avec elle et elle le sait, je ne me présente pas comme un sex-friend puisqu’on a déjà passé le réveillon de Noël avec sa famille et celui du jour de l’An avec ses amis et voisins ! Que veut-elle au juste ? Pas le mariage quand même, trois mois après notre rencontre ! Mon hypothèse est que son ex-mari lui a proposé de remettre ça et qu’elle voulait être fixée sur notre avenir avant de prendre une décision… Mais bon, c’est juste une hypothèse !

    Bref, aussi rapidement que cela avait commencé, l’envie de se voir diminue, nos rencontres deviennent de plus en plus espacées, le moindre problème professionnel ou familial est le prétexte d’annuler nos rendez-vous et puis les coups de fil eux-mêmes deviennent rares et puis…
    La dernière fois qu'on s'est vu, la discussion a duré trois heures. C’était à sa demande "il faut qu’on se parle. Je ne te comprends pas. Tu ne te dévoiles jamais. Dis-moi comment tu vois notre relation" Je me suis prêté au jeu, j’ai parlé trois heures durant, sous le feu roulant de ses questions, avec un maximum de sincérité. A une heure du mat, elle avait l'air détendue et nous avons fait l’amour sur le canapé avant de monter nous coucher. Le lendemain, dans la journée je recevais un texto d’elle : " on a beaucoup parlé hier soir mais on ne s’est pas dit grand-chose"…!

    Après un dernier coup de fil le jour de la Saint Valentin, j’ai cessé de l’appeler et elle non plus ne m’a pas rappelé.


  • Préambule
    En visitant un blog de libertine, un détail me frappe. En faisant la longue liste de ses ex, notre libertine précise qu’avec certains des mecs qui figurent sur la liste, elle n’a pas eu de relations sexuelles !
    S’il y a un truc qui distingue les femmes des hommes, c’est bien cela : les femmes intègrent dans leurs vies amoureuses des hommes avec qui il ne s’est rien passé de sexuel ! Quand elles racontent leurs vies amoureuses, elles commencent souvent par le premier baiser, le premier flirt, un type sur lequel elles ont fantasmé… ! Pour nous, les mecs, notre vie amoureuse commence avec le sexe ! Avant ce sont des amourettes insignifiantes. Après, si on n’a pas couché, on oublie ! 

    Par association d’idées, mon premier baiser m’est venu à l’esprit ! En fait, mon deuxième. Le premier était un baiser furtif, une "grande" de deux ans plus âgée que moi et que je connaissais à peine, m’ayant, je ne sais plus dans quelles circonstances, enfoncé la langue dans la bouche. Elle a dû du vouloir s’entraîner sur un petit avant d’aller embrasser un grand. Je n’ai pas aimé, j’ai eu l’impression d’avoir un morceau de viande crue dans la bouche. Oublions donc.

    Introduction
    La partenaire du vrai premier baiser s’appelait Christine. On faisait partie d’une petite bande de bons élèves au collège et elle était éprise de moi. Bon, je ne sais pas si on dit "éprise" à 14 ans ! Disons, qu’elle m’avait déjà fait savoir à plusieurs reprises qu’elle me trouvait beau et que tout le monde au collège savait qu’elle était amoureuse de moi. Moi, malgré la fierté naturelle qu’a un garçon de savoir qu’il plaît à une fille, elle ne m’intéressait pas trop. D’une part, parce qu’elle était très surveillée par ses parents qui la déposaient devant le collège une minute avant la sonnerie et l’attendait à la sortie. Et d’autre part, parce qu’elle n’était pas spécialement jolie. Aujourd’hui encore quand je pense à elle, c’est l’image d’Olive, la fiancée de Popeye, qui me vient à l’esprit. Même silhouette, même coiffure, la jupe trop grande qui lui arrivait à mi-mollet.

    Le décor
    Un jour nous nous sommes retrouvés dans la kermesse d’une oeuvre catholique. Elle était avec sa petite soeur de 12 ans et deux cousines de 13-14 ans comme elle. Leurs parents étaient occupés dans les stands et elles étaient seules mais en contrepartie, elles avaient l’obligation absolue de rester ensemble toutes les quatre. Elle a tout pris en main, la Christine, du haut de ses 14 ans ! Elle est venue me saluer, m’a séparé de mes copains, m’a tenu la conversation sans discontinuer pendant une heure et m’a demandé de raccompagner son petit groupe chez elle au moment où la nuit commençait à tomber.

    Ca va se faire, les gars
    Sur le trajet, elle m’a pris la main, regardant droit devant elle, totalement indifférente aux ricanements de ses cousines et de sa soeur qui nous suivaient 10 mètres plus loin. Je me suis laissé faire. Un peu plus loin, elle s’est arrêtée dans le renfoncement d’une entrée de magasin et a pris mes deux mains dans les siennes pour que je sois en face d’elle. Quand ses cousines sont arrivées à notre niveau, elle leur a demandé de continuer et de l’attendre devant la pharmacie située deux rues plus loin. La petite soeur n’était pas d’accord pour transgresser l’interdiction parentale de rester ensemble, mais elle a fini par suivre les cousines qui s’éloignaient.

    L’heure H
    Voilà, j’allais avoir mon premier baiser ! Tranquille, zen, avec une fille qui me regardait avec des yeux de groupie admirative ! Vous savez, nous les garçons, nous sommes toujours inquiets devant les choses de l’amour et du sexe ! Comme c’est à nous qu’il revient de tout faire, on a toujours un peu peur de ne pas être à la hauteur, de dévoiler notre inexpérience, de se prendre un râteau, d’être l’objet de la risée générale le lendemain ! D’autant plus que les filles sont moqueuses et cruelles, en général ! Là, rien de tout cela ! Je savais déjà avant, et encore plus à la façon dont elle avait pris les choses en main, qu’elle était totalement conquise ! Elle n’avait pas pris le premier garçon qui passait par là pour tester ses baisers, elle n’avait pas déclenché un Plan B après s’être fait larguer par un autre, non ! Je savais que j’étais son plan A, son préféré de tous les garçons du collège, le garçon à qui elle pensait quand les filles se demandaient les unes aux autres "avec lequel tu aimerais sortir ?"…

    Yepp ! C’est fait, les copains !
    Une gamelle d’enfer, je lui ai roulé, les gars ! Ouais, hier soir ! Non, je ne peux pas dire qui, ça se fait pas ! Un indice ? Euuhhh… la présidente de mon fan-club, hihihi ! Vous voyez qui c’est ? Mais vous ne le dites pas aux autres, Ok ? Gentlemen, les gars… !
    Ah oui, un vrai baiser ! Avec la langue et tout et tout…
    Non, je ne lui ai pas touché le minou… ! On était en pleine rue, bande de nazes ! On est gentleman où on ne l’est pas, les gars !
    Les nénés oui, j’ai un peu caressé, mais elle était pendue à mon cou et son corps était collé au mien, pas facile dans cette position…
    Oh, ça a duré… je dirais… 20/25 minutes ! Ah oui non-stop, en apnée ! Ah j’ai assuré sur ce coup-là, je vous le dis !
    Non, je lui ai pas mis la main dans la culotte, Ducon ! Je te l’ai déjà dit : ça s’est fait dans la rue, avec des gens qui passaient et qui nous regardaient ! T’es con ou quoi ?

    Conclusion
    Compte tenu de la surveillance stricte de ses parents, nous n’avons pas eu l’occasion d’échanger d’autres baisers. Non, non, en ce temps-là, on n’invitait pas les filles dans les chiottes pour les embrasser et on ne s’embrassait pas non plus dans la cour du collège ! Je suis seulement resté, jusqu’à la fin de l’année scolaire, son amoureux secret ! Celui à qui elle venait chuchoter "je crois que ma copine Estelle se doute de quelque chose" ! Heureusement qu’elle ne m’a pas demandé si mes copains "se doutaient de quelque chose", j’aurais été obligé de mentir !

    Epilogue
    Et voyez-vous, pendant que je raconte cela, plusieurs décennies plus tard, je suis pris de nostalgie. Je regrette le temps de l’innocence, le temps des confidences, le temps des baisers furtifs, des déclarations d'amour par copines interposées, la douceur des premiers baisers et les nuits à rêver des dessous des filles.

    Enfin… je pense ça aujourd’hui ! Demain je penserai que tout ça, ce sont des gamineries !


  • Le Décaméron de Boccace :
    Pour fuir l’effroyable peste noire qui atteignit Florence en 1348, dix jeunes gens s’isolent en pleine campagne (on dirait aujourd’hui se confinent) et, pour passer le temps, se racontent à tour de rôle leurs aventures amoureuses.  

    Pourquoi ne pas en faire autant ?


    Ma première fois

    Ma première fois, c’était avec Nicole. Seize ans tous les deux. Elle était plutôt romantique, fille de bonne famille et voulait rester vierge jusqu’au mariage. Et moi comme je l’aimais tendrement, comme on aime à cet âge-là, il ne m’est pas venu une seule fois à l’idée d’aller contre sa décision et de faire pression sur elle pour "coucher". Nous faisions ce que l’on appelait à l’époque le "tout sauf ça". Des caresses très poussées avec nos bouches, nos langues, nos mains, ses seins, son ventre, mais pas question de toucher son sexe et de risquer de lui enlever le précieux hymen qu’elle réservait à celui qui lui passerait la bague au doigt !

    Mais voilà, la nature est plus forte que nous !

    Un jour je me suis rendu chez elle en début d’après-midi pour préparer un exposé et ses parents n’étaient pas là, retenus ailleurs, les braves gens, par une quelconque obligation professionnelle ou familiale. Nous nous sommes donc retrouvés dans sa chambre non plus pour faire l'exposé prévu mais pour nous livrer à notre fameux "tout sauf ça". Baisers, léchouilles, caresses… Je lui enlève le haut pour lui sucer les tétons, elle me déboutonne ma chemise pour faire de même (oui, c’est mon côté féminin, j’adore ça) et c’est tout !

    Oui, oui c’est tout ! 

    Mais quand je dis "c’est tout" je veux dire par là que c’est tout ce que nous avions décidé ! Mais il se trouve que nous avons fait l’amour ! Sans l’avoir voulu, sans même nous en rendre compte ! Non, non, cher lecteur, je suis sérieux ! Je n’ai eu, après, aucun souvenir ni de lui avoir enlevé la culotte, ni d’avoir déboutonné mon pantalon ! Et le plus extraordinaire, c’est qu’elle, de son côté, m’a juré que ce n’était pas elle qui en avait pris l'initiative ! Alors vous comprenez ce que je veux dire en affirmant que "la nature est plus forte que nous" ? Si ce n’est pas moi qui l’ai fait et si ce n’est pas elle non plus, alors je vous pose la question : qui a bien pu ouvrir ma braguette et mon caleçon, écarter sa culotte et introduire mon sexe dans le sien à notre insu et même contre notre volonté ?

    Heureusement pour moi, après notre forfait (sans intention de le commettre, donc) j’étais allongé sur le dos et elle à califourchon sur moi ! Je pense que c’est pour cela qu’elle n’a jamais émis l’hypothèse que j’avais abusé de sa confiance pour arriver à mes fins ! Dans cette position, une telle accusation n’aurait pas tenu la route une seconde !
    Il est vrai que, d’une façon générale, et j’ai eu l’occasion de le vérifier à de nombreuses reprises  par la suite, dans cette position il est assez difficile pour un module lunaire bien huilé d’éviter l’arrimage à la fusée géostationnaire placée juste en dessous et profilée pour ça !

    Mais à vrai dire, le problème n’est pas là ! Le problème c’est que je n’ai jamais eu conscience (et elle non plus, selon des dires) de faire l’amour ! A aucun moment, je ne me suis dit " je suis en train de la pénétrer" ou "que c’est bon de faire l’amour !" ! Non, pendant tout ce temps où j’étais en elle, j’étais absorbé par ses baisers, ses caresses, sa douceur… et ce n’est qu’après avoir eu ma jouissance que je me suis rendu compte qu’on "l’avait fait" !

    Bon, ceci dit, ce mystère non résolu ne nous a pas perturbé outre mesure. L’avantage avec le pucelage des filles est que quand il est perdu, il est perdu ! Et donc autant en profiter car le futur mari ne verra jamais la différence entre une faute et deux fautes !

    Ca tombait bien car elle avait envie de recommencer. Et moi aussi !

     

     


  • fiasco : nom masculin  (de l'italien fiasco) :  échec sexuel masculin.

    mars 2011

    Ce soir, sortie avec Katie. Elle m’a appelé ce matin pour accepter une invitation que je lui ai faite... il y a quinze jours ! Deux semaines de réflexion pour accepter une simple invitation à dîner ! 

    Je passe la matinée à me poser des questions. Peut-être qu'elle n'est pas aussi libre qu'elle le dit... Et pourquoi ce ton sérieux ? si ça se trouve, c'est juste pour se moquer de moi au téléphone avec ses collègues ... Ca me met mal à l’aise d’avancer comme ça, à l’aveuglette ! Je vais me faire accompagner de mon ange gardien, la petite Mélusine, on ne sait jamais ! (Je suis là, Carlus)

    Je la rappelle en fin de matinée pour en avoir le cœur net. Elle m’explique qu’après son divorce, elle a eu une grande aventure avec un homme dont elle était très amoureuse mais qu’elle s’est prise "une grande claque dans la gueule" et s’est juré de ne plus jamais souffrir. Mais qu’après avoir mûrement réfléchi à ma proposition, elle est arrivée à la conclusion que "ça ne sert à rien d’avoir peur de souffrir".

    J’hésite… C’est plausible comme explication, ça, Mélusine ? (Mais je n’en sais rien, Carlus ! Je suis dans ta tête, pas dans la sienne)
    Elle précise devant mon silence que si j’ai changé d’avis, elle comprendrait ! Qu’auriez vous fait à ma place ? Après une seconde de réflexion (essentiellement consacrée à chercher une réponse pleine d’humour), je réponds " non, non je n’ai pas changé d’avis ! ok pour ce soir !"

    Elle m’appelle vers 18 heures aujourd’hui pour confirmer notre rendez-vous et m’informer que ses enfants sont chez leur père et qu’on a donc toute la nuit pour nous. C’est une excellente nouvelle mais ça augmente mon malaise, malgré tout. Je n’aime pas être mis comme ça devant le fait accompli, être obligé de faire l’amour. J’aime bien surmonter les réticences ou la timidité d’une femme, c’est cela qui me fait bander (Surveille ton langage, Carlus !). J’aime les prudes, les hésitantes, celles qui croient (où font semblant de croire) que la soirée est censée se terminer après le dessert. Mais bon, si j’en crois ce qu’elle m’a dit d’elle, ça fait au moins "deux ans qu’on ne l’a pas touché" et je décide de considérer cela comme l’impatience d'une (quasi) vierge.  (On ne se moque pas des femmes, Carlus, ce n’est pas tendance en ce moment… !)

    A l’heure prévue, on se rencontre dans un petit resto sympa, pas très loin de chez moi. L'ambiance est un peu tendue. J’essaie d'être drôle, je plaisante sur le menu, je lui pose des questions sur ses enfants. Elle me répond en me parlant de sa santé. Elle m’apprend qu’elle a une sciatique, causée par ses grossesses, qui l’empêche de se courber -adieu donc la levrette- (Ah non, ne sois pas grossier Carlus, ça n’apporte rien au récit !) . Elle ajoute aussi, en me montrant des petites taches brunes sur les bras, qu'elle a des mélanomes pour s’être trop exposée au soleil dans son enfance .  Elle me prévient enfin qu’elle n’est pas libre le week-end, à cause de ses enfants -qui ont pourtant 18 et 20 ans-. Elle conclut tout cela en me disant qu’elle préfère tout me dire pour que je sache exactement à quoi m’en tenir.

    Je suis tenté de lui répondre que moi, de mon côté, je n’ai pas fait l’amour depuis plus de six mois et que cela relativise largement tous ces menus problèmes (arrête, Carlus ! ça fait peut-être rire les mecs mais tes lectrices finiront par te prendre pour un grossier personnage, c’est ce que tu cherches ?) mais je me retiens et lui dis que de mon côté j’ai fait un peu d’asthme dans l’enfance et qu’aujourd’hui je fais un peu d’hypertension, ce qui, ajouté au tabac, fait de moi un candidat sérieux à l’infarctus.

    Les présentations médicales étant faites et le repas terminé, nous nous rendons chez moi, direction : ma chambre. Baisers, caresses, bisous dans le cou… Katie est assez bien foutue pour son âge : 45 ans, comme moi ! encore que… j’ai un doute pour elle… ! (pour elle seulement, Carlus ?…. Carlus ?) oui, ok, j’ai un doute sur mon âge aussi, passons ! Bien foutue donc, et plutôt réservée, ce qui me met dans d’excellentes dispositions. Mais, très vite, je m’aperçois que ce que je prenais pour de la réserve est en fait le désir froid et déterminé de prendre le contrôle des événements. Malgré mon insistance, elle refuse de se laisser déshabiller par moi et veut le faire toute seule.

    Bon ! je décide de tirer avantage de la situation qui m’est imposée et je vais m'asseoir sur le bord du lit pour mieux jouer au voyeur. Ca n’a pas l’air de la déranger mais, une fois qu'elle a terminé, elle se tourne vers moi et me dit sur un ton détaché, comme si elle s’adressait à un gamin timide : "mais qu'est-ce-que tu attends ? enlève tes vêtements !"

    AH NON ! Là je suis complètement bloqué, il ne faut pas qu’une femme me parle comme ça, MERDE ! (Calme-toi, calme-toi, Carlus, c’est ton côté macho à la con ! Tu n’avais pas promis de lutter contre cela ?)

    Bon, bon bon ! J’essaie quand même de prendre sur moi et de faire abstraction de cette entrée en matière un peu mal barrée, mais la suite est à l’avenant :… "NON, ne touche pas mon nombril, j’aime pas ça !… Va baisser le chauffage, il fait trop chaud !…. ARRÊTE, pas là, ça me chatouille… ! Attends, remonte un peu, tu bloques mon bras… Arrête, tu me chatouilles…"  Bref, tout ce qu’il faut pour ramener mon désir, (c’est-à-dire mon érection, n’ayons pas peur des mots) à pas grand-chose, si vous voyez ce que je veux dire !

    Inutile de préciser qu’elle non plus ne mouille pas ! Et pour cause, je n’ai fait que la chatouiller depuis tout à l’heure ! Et, alors que je suis en train de rechercher désespérément quelle partie de son corps je vais bien pouvoir caresser sans la chatouiller, elle me prend la queue à pleine main, non pas pour une caresse, mais pour jauger mon érection !!! Une palpation quasi médicale, sans gêne et sans émotion particulière ! Elle se tourne alors vers moi et me demande, l’air un peu étonné :" y a un problème ? t’as pas envie de moi ?"

    La réponse qui me vint spontanément à l’esprit fut :"écoute bien ce que je vais te dire, Katie, … (Carlus, tu es énervé ! si tu ne maîtrises pas ton langage, je te promets que tu n’auras jamais plus d’érection, et je m’en assurerai personnellement, crois-moi !) euh… ma réponse interne fut donc en substance : Ad impossibilia nemo tenetur (à l’impossible nul n’est tenu).

    Mais pour que cette réponse arrive au périphérique du langage, quelques préalables s'avéraient nécessaires : tout d’abord, me libérer de son étreinte pour mettre fin à l’examen clinique quelque peu humiliant dont je faisais l’objet, ensuite retrouver par des exercices de respiration appropriés une tension artérielle convenable et enfin, une fois ma capacité de raisonnement et ma courtoisie naturelle retrouvées (c’est beaucoup grâce à moi, Carlus, il faut le souligner ! Si je te laissais aller à ton penchant naturel…), lui trouver des circonstances atténuantes pour diminuer mon ressentiment et ma gêne : "Elle est encore amoureuse de son ex, n’a pas eu de relations sexuelles depuis deux ans et voulait seulement se rassurer sur sa capacité à faire bander un mec rien qu’en se déshabillant, c’est tout ! Elle n’avait pas vraiment envie de baiser avec moi" (Ce sont des excuses pour elle ou pour toi, ça, Carlus ?) Voilà, je crois que c’est ça… Non, franchement, je ne crois pas avoir la responsabilité principale dans ce fiasco. (Carlus, je crois que tes états d’âme concernant ton absence d'érection n’intéressent pas grand monde… Tu finis ton histoire ?)

    La réponse finale fut donc : "non, c’est pas ça, j’ai très envie de toi mais j’ai dû abuser du Mouton Cadet ! Toi aussi, on dirait, non ? On fait un petit somme et après on reprend les choses où on les a laissées ?"

    Sa réponse fut sèche
    - Non, je dois rentrer chez moi !

    - Ok , il est tard, je te raccompagne  (Oui, mais ce sera sans moi,  les amoureux ! Ciao Ciao !)

     

     

     


  • Souvenirs, souvenirs et... humour !

    Mon ex-femme me téléphone ce matin au bureau, très en colère :

    - Tu es ridicule ! Vraiment ridicule ! T’afficher avec une gamine qui pourrait être ta fille !!!

    - Gamine...!? Elle a 28 ans !

    - Mais c’est bien ce que je dis ! 20 ans d’écart d’âge…

    - 17 ans pas 20 !

    - Un pédophile ! Voilà ce que tu es !

    - Écoute, tu devrais éviter d’employer des mots dont tu saisis mal le sens ! 

    - Et en plus, tu la présentes à tous nos amis...

    -Mais comme toi avec ton nouveau mec, ma chère..!

     

    Elle continue à parler. Mais mes pensées se sont déjà envolées...

    C’est vrai qu’elle ne fait pas son âge avec sa bouille d’ange perverse, ma petite garce ! C’est vrai qu’elle le sait et qu’elle joue souvent de ça !

    Si ça se trouve, peut-être qu’elle aussi me prend pour un pédophile : une fois, elle est arrivée dans la chambre coiffée de deux nattes façon Laura Ingalls, a enlevé sa culotte et me l’a lancée au visage…

    Ma petite garce, mon ange déchu, ma perverse… ma Lolita

    J’aurais peut-être à m’expliquer un jour devant les juges (ou devant les amies de ma femme) à la façon de Humbert Humbert

    "Mesdames et Messieurs les jurés qui avez la lourde tâche de me juger en votre âme et conscience, que savez-vous du trouble qui s’empare de l’âme d’un homme à qui un ange au regard gourmand vient de lancer une petite culotte en pleine face ? Comment pourriez-vous me comprendre  et me juger équitablement sans rien savoir de la nature du crime qui m'est reproché ? Aucun des mots que je pourrais vous dire ne saura jamais exprimer le désir que j’avais pour elle dans ces moments-là, aucun discours, aucune plaidoirie ne pourra jamais vous faire comprendre l'étendue infinie de l’amour et du désir que j’éprouvais pour elle !

    Et comment pourrais-je, moi, reconnaître votre autorité et accepter de me soumettre à votre jugement alors que les conventions sociales que vous êtes chargés de faire respecter pèsent de si peu de poids au regard de l'incandescence qui s'emparait de mon corps et de mon âme face à son visage d’ange, son corps brûlant de désir, son regard suppliant, son sourire juvénile.

    Aaah, comme je vous crains, Mesdames du jury, qui allez me condamner pour un crime dont je suis la victime !

    Aaah comme je vous plains, Messieurs les jurés, qui ne saurez jamais comment une petite culotte de nymphe peut vous transpercer le cœur aussi cruellement que l’épée d’Achille la poitrine du vaillant Hector !

    Il vous appartiendra, si vous le décidez ainsi, de prendre ma vie et de livrer mon honneur à l’appétit des chiens ! Peu m'importe ! Ma part de paradis m’a été offerte ici-bas par une nymphe et tenait sur la surface étroite d’une petite culotte. Et cela, rien ni personne ne pourra me l’enlever !  Aussi, je vous le dis humblement, Mesdames et Messieurs les..."

     - Allo ? Allo, tu es là...?

    - Oui oui, je t’écoute…

    - Il faut absolument que tu te ressaisisses ! Ne serait-ce que pour les enfants.

    - Ah non, je t'interdis de mêler les enfants à ça !

    - Mais c’est pour ton bien que je dis cela, tu sais ?

    - Écoute, fous-moi la paix ! Tu as un mec dans ta vie, alors occupe-toi de lui  et fous-moi la paix, OK ? Allez bye !

     

     


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  •  

    J’aime bien conduire la nuit. J’aime bien la sensation d’être protégé dans ma bulle étanche et la sentir s’enfoncer dans l’épaisseur palpable de la nuit.  Anne-So s’allume une cigarette. Elle a rabaissé le dossier de son siège et allongé ses pieds sur le pare-brise. Elle a l’air grave. Elle se tourne vers moi

    - Tu es fatigué ? Tu veux que je prenne le volant ?

    – Non, ça va… mais je veux bien que tu me racontes quelque chose… A quoi pensais-tu à l’instant ?

    - A nous, à notre semaine de thalasso… à ma vie… à mes enfants…

    - à ton mari…

    - à mon mari aussi !

    - Tu as peur qu’il s’aperçoive de quelque chose ?

    - pouuhh… ! Il s’en fout, lui, de savoir où je suis, il ne m’a pas téléphoné une seule fois pendant la semaine.

    - Justement, c’est peut-être ça qui t’inquiète…

    - Non, il a trop de classe pour s’abaisser à surveiller une femme. En fait, il est parti avec son groupe à Vienne pour un concert.

    - Il est musicien ?

    - Non, il est prof de musique. C’est un passionné de musique classique et il n’hésite jamais avec un groupe d’amis à traverser l’Europe pour un concert qui en vaut la peine.

    - C’est pour cela que toi tu détestes la musique classique…

    - Non, je ne déteste pas le classique ! Seulement j’aime l’écouter en faisant autre chose. Lui, il peut rester des heures avec un casque sur les oreilles, les yeux fermés à écouter sa musique en se berçant lentement comme un autiste. Ca me dépasse.

    - Tu sais que, comme tu le décris là, il me plaît, comme bonhomme ! J’aime bien les gens qui ont une passion totale, à la limite du raisonnable. Moi je n’y arrive pas.

    - Justement non, il ne correspond pas du tout à ce profil ! Il est terne, morne, prévisible… Il est autiste, je te dis ! Il n’a jamais essayé de communiquer sa passion, ni à moi ni aux filles.

    - Oh il a dû essayer au début mais ça fait longtemps, tu ne t’en souviens plus. Tiens, je pense qu’il a dû t’inviter à l’opéra, comme Richard Geere dans Pretty Woman, juste pour voir si tu te mettrais à pleurer d’émotion. Mais tu n’as pas eu la perspicacité de faire semblant, comme Julia Roberts. Tu t’étais endormie…

    - Eh bien, tu as encore tout faux ! Il ne m’a jamais invité au concert. Tu sais, son père et son grand-père sont musiciens professionnels. Il est né dans ça et il m’a dit une fois que tant qu’on n’a pas été immergé dans cette musique depuis la petite enfance on ne peut pas vraiment la comprendre.

    - Une façon de t’exclure, de refuser de partager ça avec toi, tu penses ?

    - je sais pas ! Pas délibérément en tout cas ! Je crois que tout cela doit lui paraître tellement pur, tellement beau qu’il se sent incapable d’expliquer, de mettre des mots dessus…

    - Qu’est ce qui vous a rapprochés au début alors ? Tu m’as déjà dit que ce n’était pas le sexe !

    - Oh que non ! En fait, môssieur à 32 ans avait décidé de "prendre femme" et de fonder un foyer ! Quand je l’ai rencontré, il était déjà exactement comme il est aujourd’hui, sans émotion, sans prise de tête, faisant exactement ce que les conventions sociales lui dictaient… Et les conventions sociales, et certainement aussi Madame sa mère, lui disaient que le temps était venu de se marier.

    - Des aristos ?

    - Non. ça doit être une spécialité nancéenne : des familles bourgeoises, pas nobles, pas très fortunées mais qui se soumettent à un protocole social et familial rigide comme s’ils étaient à la cour d’Angleterre. Il ne va pas jusqu’à vouvoyer sa mère mais ils se parlent avec une espèce de respect distant. Moi, elle m’a toujours vouvoyé, la belle-doche, comme ses autres belles-filles d’ailleurs.

    - Bon, il décide de se marier, mais pourquoi il jette son dévolu sur toi spécialement ?

    - Nos familles se connaissaient. Je ne sais pas ce qui lui a plu chez moi. Il était très coincé, peut-être que c’est mon petit côté fofolle qui lui a plu. Ou peut-être au contraire mon côté femme-mère et femme d’intérieur et de rigueur ménagère qu’il a cru deviner à travers ma mère.


    - Ah ? Il connaissait la chanson d’Henri Salvador ?

    "Avant d’épouser ta bergère
    Regarde sa mère, regarde sa mère
    Pour voir ce qu’elle sera dans 20 ans
    Regarde sa mère, regarde sa maman"

    Grand principe de précaution trop souvent négligé de nos jours !

    - Oui ! Et qui pourrait fonctionner dans les deux sens, je crois !

    - Et toi, comment as-tu pu tomber amoureuse de lui ?

    - Moi je n’ai jamais été amoureuse de lui. Il est arrivé au bon moment. J’essayais à grand-peine de sortir d’une déception qui m’avait conduite à la dépression, avec tentative de suicide et tout…

    - Tentative de suicide ?

    - Oui, je m’étais enfermée dans ma chambre universitaire et je refusais de me nourrir…

    - Ah oui d’accord ! Euh… sans vouloir rien enlever à ta peine de l’époque, ma chérie, la tentative de suicide par inanition, c’est plus tentative que suicide quand même… !

    - Non, je t’assure, j’avais vraiment décidé de mourir !

    - Oui, je plaisante mais je comprends ! Alors, raconte-moi. Ce grand amour, un étudiant comme toi ?

    - Non, il avait la quarantaine peut-être plus ! Il ne m’a jamais dit son âge ni montré ses papiers. C’était un bel homme, élégant et distingué, beau parleur et bon amant. Il s’appelait Pierre-Emmanuel mais tout le monde l’appelait Pierem. J’étais folle amoureuse de lui. Et le seul fait de prononcer nos deux prénoms me remplissait de joie. "Pierem Anne-So"! Pierre aime Anne-Sophie ! Tu comprends ?

    - Oui je comprends surtout que tu avais 20 ans ! Et il était marié comme il se doit, je suppose ?

    - Oui, il m’a fait croire pendant près d’un an qu’il était en instance de divorce, mais c’était du pipeau, je l’ai su par la suite ! Il était le représentant parisien d’un gros groupement agricole de Lorraine. Et il faisait des navettes fréquentes entre Paris et Nancy.

    - Et quand sa femme a appris votre liaison, il t’a quitté

    - Non, il n’a jamais voulu me quitter ! Des années après, il me harcelait encore de coups de fil !

    - Qu’est-ce qui s’est passé alors ?

    - C’était un type bizarre et pervers dans l’âme. Après plusieurs mois d’une histoire d’amour sublime, il m’a annoncé comme ça un beau jour que pour être certain des sentiments que je lui portais, il voulait d’une preuve d’amour absolu : soit que je couche avec un homme en sa présence soit qu’il couche avec une femme en ma présence. Je te passe le drame que cela a été pour moi mais j’ai fini par accepter de coucher avec un de ses amis devant lui.

    - Un trio ?

    - Non, il s’est contenté de regarder en fumant assis dans un fauteuil en face du lit.

    - Et après ?

    - Après j’ai passé tout le reste de la nuit à pleurer toutes les larmes de mon corps et il est resté là avec moi à me consoler tendrement et nous avons recommencé notre belle histoire d’amour épisodique.

    - Mais ça s’est pas arrêté là ?

    - Non. Quelques mois après, il m’a demandé de le refaire. Trois fois au total je l’ai fait. A posteriori je ne crois pas que c’était vraiment des amis à lui. J’imagine aujourd’hui que je devais être le cadeau réservé aux gros clients.

    - Enfin bref, ça, s’est terminé comment ?

    - J’avais déjà commencé à devenir dépressive. Je savais qu’il ne n’aimait pas mais… il était tendre et empressé, et je l’aimais, moi, à la folie ! Et puis pour sa quatrième "preuve d’amour", il s’est rappliqué avec un jeune garçon de 15 ans, le fils d’un ses… "amis". Il m’a prise à part et m’a dit qu’il était jeune et encore puceau et qu’il savait pouvoir compter sur moi pour faire de ce moment un moment magique dont il se souviendrait toute sa vie. Devant mon air ébahi, il a ajouté, comme pour me rassurer, que je n’aurais pas à le regretter car la famille du jeune homme était très influente et qu’il saurait tôt ou tard se montrer reconnaissant. J’ai éclaté en larmes avant qu’il finisse de parler et je me suis enfuie. Il m’a poursuivi dans l’escalier en me parlant sur un ton violent et apeuré en même temps, comme si c’était une question de vie ou de mort pour lui que je le fasse. Mais une fois arrivé sur le trottoir, il a fait demi-tour ! Je suppose qu’il ne voulait pas de scandale. J’étais en pleurs, je n’arrêtais pas de pleurer. Je suis rentrée à pied à la résidence, je me suis enfermée dans ma chambre et je n’en suis pas sortie pendant plus d’une semaine. J’ai dû pleurer au cours de cette semaine plus que ce que la moyenne des gens pleurent en une vie. Je ne mangeais pas. Je voulais mourir. J’étais vraiment décidé à mourir. Et plus encore quand il venait frapper à ma porte, le soir, tout doucement pour qu’on ne l’entende pas ! Je lui criais "va-t’en !" à travers la porte et il s’en allait sans discuter. Ce type avait une peur bleue du scandale… ! Alors, tu vas rire, j’ai écrit une longue lettre où je racontais tout. Une lettre qu’on découvrirait en même temps que mon cadavre. Et j’avais des frissons de bonheur en imaginant sa tête à la lecture de cette lettre une fois qu’elle serait publiée dans l’Est Républicain.

    - Et alors, finalement, tu es morte ou pas ?

    - Non, comme tu vois ! Des copines sont venues tambouriner à ma porte et m’ont dit qu’elles étaient inquiètes et que si je n’ouvrais pas, elles seraient obligées de prévenir mes parents. Ca a été le déclic : j'ai pensé au scandale que  ce serait si ma famille venait à connaitre tout cela.

    - Ta famille ne lit pas l'Est Républicain ?

    -  Han han han... très drôle ! 

    - Et après ? 

    Hé bien après, voilà ! Quelques mois après, un prof de 32 ans me demandait en mariage trois semaines après m’avoir rencontrée et transformait ma vie en une looonngue traînée d’ennui qui dure depuis 20 ans.

    - Et la lettre ?

    - Je l’ai gardé ! Je suis comme toi, mon cher, je ne veux rien oublier de mon passage dans la vallée des larmes.

     


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  • Tiens, voilà encore un autre qui pousse la porte du restaurant pour y entrer au lieu de la tirer vers lui ! Ca fait plus de vingt ans que la loi a imposé dans tous les lieux publics que les portes s’ouvrent vers l’extérieur et on se fait quand même tous avoir.

    Ce soir je fais découvrir la cuisine japonaise à mon ex-femme. Elle adore la cuisine exotique. Elle est de passage à Paris pour le renouvellement de ses implants mammaires. Dix ans déjà, comme le temps passe ! à l’époque, on était encore ensemble et je n’avais pas aimé. Mais alors pas du tout ! moi, les seins, je ne les effleure pas, je les triture. Et triturer des ballons de silicone merci beaucoup, j’ai trop peur de les faire exploser.

    - Un menu 18, s’il vous plait… dites-moi, est-ce que je peux avoir que des Sushis au saumon, s’il vous plait ? Merci, avec deux Californian Maki.

    Elle me dit que la visite au chirurgien la stresse et me demande de l’accompagner à l’hôpital. Ohlala, c’est bien la peine d’avoir divorcé pour me retrouver avec ce genre de corvées ! Oui mais elle, elle est toujours d’accord pour me rendre service, je ne peux pas lui refuser ça… Mais d’un autre côté ça me met dans une situation embarrassante vis-à-vis de son mari, s’il l’apprend… J’aurais l’air de quoi, là ? Je ne sais même pas si elle lui a dit qu’elle s’était fait refaire les seins…
    Allez ! si le prochain client tire la porte, j’y vais. S’il la pousse, qu’elle se démerde ! Tiens, justement, en voilà un qui arrive… Il tire la porte vers lui !
    - Ok ! Je viendrai avec toi ! mais je ne veux pas que les enfants le sachent
    - Pourquoi ?
    - Ben, tu racontes à tout le monde, même aux enfants, que je suis encore un "petit peu amoureux de toi" !
    - Et alors ? c’est un peu vrai, non ?
    - Mais tu es incroyable !!! Tu as un mari, je te soupçonne même d’avoir un amant, et tu voudrais en plus avoir un ex-mari "encore amoureux" de toi ? Tu veux être aimée de tout le monde ? Tu es une ogresse insatiable !
    - Mais regarde-toi : tu es en train de me faire une crise de jalousie au sujet d’un soi-disant amant ! c’est pas la preuve ça ?
    - Oh écoute, on arrête ! c’est pas la peine de discuter avec toi !

    -----------------------------

    Quelques semaines, plus tard, la garce a droit elle aussi à la dégustation commentée du sushi. Elle, par contre, n’a pas aimé. Tu m’étonnes, plus coincée qu’elle en matière de bouffe, tu meurs !
    La garce ? Oui c’est comme ça que j’ai décidé de l’appeler depuis notre rupture, c’est la femme de ma vie, la seule que j’ai vraiment aimée. Je l’ai revu, au début des vacances, c’est elle qui m’a appelé ! On s’est parlé au téléphone. Je sentais qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas. Elle n’arrêtait pas de dire "la vie est belle", "je suis seule à décider de ce que je fais de ma vie".
    - Je suis d’accord avec cela, ma petite chérie ! mais quand c’est dit vingt fois de suite, ça cache forcément quelque chose !
    - Je n’ai pas envie d’en parler !
    - Ok comme tu veux ! Alors passons aux choses sérieuses ! dis-moi pourquoi tu voulais me voir
    - Parce que… imagine-toi que ça fait 7 mois et 12 jours que je n’ai pas fait l’amour !
    - Sept mois ! ET douze jours ! Ah oui, ça fait un bail !!! il faut absolument faire quelque chose ! mais alors, question subsidiaire : pourquoi moi  ?
    - Disons que... c’est parce que je suis une mante religieuse… !
    - une mante religieuse ! ? ça veut dire quoi, ça ? 
    - cherche pas à comprendre ! c’est mon psy qui me l’a dit ! Et j’assume !
    - Ah, tu te fais coacher maintenant…? C'est une bonne chose... Donc, mante religieuse ça veut dire que tu ne peux faire l’amour qu’avec des hommes qui t’aiment et que tu n’aimes pas, c’est ça ?
    - Alors ? c'est Oui ou Non ? je suis libre ce weekend. Mes enfants sont chez leur père.
    - Donc moi, dans cette affaire, je suis censé me faire…
    - Bouffer la tête !!! mais après avoir tiré ton coup quand même, il y a des contreparties… !
    - Bon laisse moi réfléchir… ! OK, je crois que je suis prêt à risquer ma tête !
    - Haaann, tu m’étonnes !
    - Eh oh ! on ne se moque pas, s’il te plait ! sinon je m’en vais et je te laisse poireauter encore sept mois… !
    - Ecoute, je n’ai qu’à claquer des doigts et il y a quinze mecs qui…
    - arrêêtte, c’était pour déconner !

    Ave, Eros, morituri te salutant. On a fait l'amour tout le week-end ! Dire que ça colle entre nous n'est pas exact : ca fusionne entre nous ! Quand je fais l'amour à cette fille, je sais intimement que c'est elle que j'aime et personne d'autre ! Sorti du plumard aussi, je l'aime encore, mais là c'est plus difficile à mettre en oeuvre, compte tenu de son caractère de cochon ! Mais à vrai dire, elle ne me demande pas de mettre quoi que ce soit en oeuvre, elle est amoureuse d'un autre. Qui, lui, ne l'aime pas. La vie est compliquée. Elle souhaite juste me rencontrer de temps en temps pour faire l'amour et aller au restaurant. L'amour pour lui rappeler qu'il y a quelqu'un qui l'aime et le resto pour lui rappeler qu'elle n'aime pas la cuisine exotique.

    Dans le train du retour, mes pensées vagabondent : "la vie est belle" qu'est-ce que ça veut dire ? En amour par exemple, elle est belle quand, la vie ? Quand on aime ou quand on est aimé ? Mon ex-femme n'aime personne et veut être aimée de tout le monde. La garce, elle, est amoureuse d'un homme, un seul, envers et contre tous. Deux façons radicalement différentes de vivre l'amour. Aucune des deux ne garantit le bonheur, aucune des deux ne préserve de la dépression.

    Oui, oui, je sais, vous me direz que le bonheur c’est d’aimer ET d’être aimé ! Ben oui, tant qu’à faire ! Ca paraît évident ! Mais je vous répondrai : Pas toujours ! Pensez à la mante religieuse mâle  : ne pas être aimé de sa belle lui garantit une plus belle vie, non ? enfin… plus belle, je ne sais pas, mais plus longue en tout cas !


  • Oui, je mets le mot au féminin car, pour ce qui me concerne, entre ma mère, ma grand-mère, mes tantes, quelques femmes qui ont partagé ma vie et quelques bonnes copines, c’est quand même, un trait de caractère que j’ai trouvé plus souvent chez les femmes que chez les hommes.

    D’ailleurs, les hommes quand ils sont auto-médicamenteurs, le sont de façon bête et égoïste. Bête parce que leur auto-médication est routinière et fainéante ("si ça marche, pourquoi chercher ailleurs ?") ET égoïste car ils ne le conseillent pas à leurs proches.

    L’auto-médicamenteuse, c’est une tout autre histoire ! En fait, c’est tout le contraire de son homologue masculin ! En résumé, elle serait plutôt comme ça :

    1) l’auto-médicamenteuse n’est pas égoïste. Oh que non ! Elle veut partager ses remèdes miracles. Avec ses enfants, son homme, ses amis, ses collègues… ! D’ailleurs elle ne se contente pas d’attendre la demande, elle la devine, elle la provoque. Face à la moindre résistance, elle insiste, elle explique, elle démontre que ce produit à base de plantes ne présente aucun danger pour l’organisme et qu’on aurait vraiment tort de ne pas l’essayer. Non, vraiment, on ne peut pas reprocher à l’auto-médicamenteuse de vouloir garder pour elle ses secrets de santé !

    2) L’auto-médicamenteuse n’aime pas les médicaments connus ! Non, les trucs bêtement efficaces que les médecins prescrivent à tour de bras ne lui inspirent pas confiance. Elle ne les refuse pas, à proprement parler, mais on sent chez elle une certaine réserve, une légère méfiance, même.
    Par contre, la phytothérapie, l’homéopathie, les infusions, les huiles essentielles, les concentrés de plantes asiatiques, les recettes de grand-mères et les produits vendus en PARApharmacie, à ça oui, elle fait confiance !! une confiance aveugle ! Et elle vous garantit que cela vous soignera aussi bien et aussi vite que vos médicaments "allopathique", mais avec les effets secondaires en moins ! C’est pas génial, ça ?

    3) L’auto-médicamenteuse est une pharmacie ambulante. Où qu’elle soit, au boulot, en vacances, chez des amis, elle a toujours avec elle le petit remède de derrière les fagots à vous conseiller, toujours dans sa besace le produit pour contrer efficacement le malaise improbable qui vous tombe dessus. Une crise de flatulence extrêmement gênante ? une douleur musculaire que rien ne laissait prévoir ? des lèvres gercées en plein été ? Pas de souci, elle a ce qu'il faut ! 

    Mais n'allez pas croire qu'elle a une valise pleine de médocs ! Non, non ! elle a juste dans son sac LA gélule efficace pour la petite contrariété dont vous souffrez. 

    4) L’auto-médicamenteuse refuse absolument de donner ses sources. Ca doit être déontologique, car cela ne souffre aucune exception ! C’est véritablement perdre son temps que de lui demander quel médecin ou quelles amies lui ont conseillé le truc qu’elle essaie de vous faire avaler à tout prix. La réponse sera invariablement "essaie, tu verras !"  

    - Oui mais tu tiens ça de qui ? de ta grand-mère, d’une amie, d’un sorcier vaudou, d’un moine tibétain ?

    - Essaie, tu verras !

    Vous voulez que je vous dise ? L’auto-médicamenteuse est douce, maternelle, féminine, empathique, aimante ! Elle n’a qu’un défaut : elle est très très chiante par moment !

     


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  •  
    Nous faisions l'amour bien trop sagement à son goût. 
    - C'est à cause de ma corpulence , disait-elle! 
      - C'est à cause de ton innocence !
    Elle aimait les massages pudiques et les caresses sensuelles. 
    Sa spécialité au lit, fièrement revendiquée, était "la pluie de baisers". 
    J'en redemandais. 
    Après l'amour, elle aimait rester nue sous l'édredon à regarder la télé et à commenter. 
    Je m'ennuyais délicieusement. 
    Elle était jolie et avait un corps ferme. Elle savait se maquiller et s'habiller. 
    Elle me plaisait. 
    Elle se trouvait trop forte et manquait de confiance en elle. 
    Mais affirmait savoir faire preuve d'autorité. En tout cas comme monitrice de colonies de vacances, le seul travail (payé, précisait-elle!) qu'elle avait réussi à trouver. 
    Elle m'appelait " mon coeur" et rien d'autre. Elle aimait sa mère fantasque et son père malade. Elle n'aimait pas ses frères et leurs femmes. "Des apprentis intégristes "! disait-elle, l'air grave. 
    Elle avait adhéré à Ni Putes Ni Soumises. Mais elle l'avait fait en catimini, dans un autre quartier que le sien et n'avait jamais participé à aucune manifestation. Courageuse mais pas téméraire. 

    Mais c'était pour défendre « ses droits de femme » expliquait-elle. Ses droits de femmes menacés non par la société, non par des ministres, non par des juges ou des policiers, mais par son père, ses frères, ses cousins et ses oncles, tous de braves gens, honnêtes et travailleurs pour qui l'humanité s'arrête aux talons des femmes. Tous de braves gens attachés au culte de la virginité et à la polygamie comme étant des valeurs "culturelles". Tous de braves gens expliquant à qui veut bien entendre que les femmes sont trop émotives pour qu'on leur confie des responsabilités importantes. De braves gens qui se plaignent des brimades du policier et du videur de boîte de nuit tout en tout exerçant, en toute bonne conscience, les mêmes brimades envers leurs soeurs, leurs femmes, leurs filles et leurs cousines. 

     

    Elle s'était inscrite à 28 ans à la fac de Droit. Elle a abandonné après quelques mois. Trop compliqué. Trop surveillé. Trop mal compris par ses proches. Qu'elle aille à la fac, ce lieu de débauche bien connu, leur semblait tellement plus grave que les déboires de son frère avec la justice, que la maladie de son père, que le chômage de son oncle ! 

     

    Elle s'occupait de son père malade du cancer. Mais curieusement le "traumatisme de sa vie" a été d'apercevoir un jour au centre commercial sa mère embrasser furtivement un homme "sur la bouche". L'homme en question étant un vieil ami de son père qu'elle a toujours appelé "Tonton". 


    Un soir alors que je la raccompagnais chez elle, des jeunes en bande de sa communauté sont passés devant nous en disant assez fort pour être entendus: 
    "Y en a certains qui aiment les grosses PUTES !" 
    Elle a fait semblant de ne pas entendre. Moi aussi, avec ma lâcheté coutumière ! 

     


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