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Par Carlus le 2 Avril 2024 à 18:13
Âme, te souvient-il ? au fond du paradis,
De la gare d’Auteuil et des trains de jadis
T’amenant chaque jour, venus de la Chapelle
Jadis déjà ! Combien pourtant je me rappelle
Après les premiers mots de bonjour et d’accueil,
Mon vieux bras dans le tien, nous quittions cet Auteuil
Et, sous les arbres pleins d’une gente musique,
Notre entretien était souvent métaphysique.
Ô tes forts arguments, ta foi du charbonnier !
Non sans quelque tendance, ô si franche ! à nier,
Mais si vite quittée au premier pas du doute !
Et puis nous rentrions, plus que lents, par la route
Un peu des écoliers, chez moi, chez nous plutôt,
Y déjeuner de rien, fumailler vite et tôt,
Et dépêcher longtemps une vague besogne.
Mon pauvre enfant, ta voix dans le bois de Boulogne !
Poème de Paul Verlaine
(mis en musique et chanté par Léo Ferré)
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Par Carlus le 26 Janvier 2024 à 14:42
Belle qui tiens ma vie
Captive dans tes yeux
Qui m’as l’âme ravie
D’un sourire gracieux
Viens t'en me secourir
Ou me faudra mourir.Pourquoi fuis-tu mignarde
Si je suis près de toi
Quand tes yeux je regarde
Je me perds dedans moi
Car tes perfections
Changent mes actions.Tes beautés et ta grâce
Et tes divins propos
Ont échauffé la glace
Qui me gelait les os
Et ont rempli mon cœur
D’une amoureuse ardeur.Mon âme voulait être
Libre de passions
Mais amour s’est fait maître
De mes affections
Et a mis sous sa loi
Et mon cœur et ma foi.Approche donc ma belle
Approche-toi mon bien
Ne me sois plus rebelle
Puisque mon cœur est tien
Pour mon mal apaiser
Donne-moi un baiser.Je meurs mon angelette
Je meurs en te baisant
Ta bouche tant doucette
Va mon bien ravissant
À ce coup mes esprits
Sont tous d’amour épris.
Plutôt on verra l’onde
Contre mont reculer
Et plutôt l’œil du monde
Cessera de brûler
Que l’amour qui m’époint
Décroisse d’un seul pointJehan Tabourot (1520-1595), dit Thoinot Arbeau.
2 commentaires -
Par Carlus le 10 Août 2023 à 11:11
- Qu'est-ce que tu lis en ce moment, Carlus ?
- Verlaine !
- Ah, Verlaine... Tu es un indécrottable romantique, Carlus
Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D’une femme inconnue, et que j’aime, et qui m’aime,
Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m’aime et me comprend.- Oui, pour moi, la poésie romantique, il n'y a que ça de vrai !
Extraits de Hombres (hommes) de Paul Verlaine
Un peu de merde et de fromage
Ne sont pas pour effaroucher
Mon nez, ma bouche et mon courage
Dans l’amour de gamahucher.
L’odeur m’est assez gaie en somme,
Du trou du cul de mes amants,
Aigre et fraîche comme la pomme
Dans la moiteur de saints ferments.
Et ma langue que rien ne dompte,
Par la douceur des longs poils roux
Raide et folle de bonne honte
Assouvit là ses plus forts goûts,Puis pourléchant le périnée
Et les couilles d’un mode lent,
Au long du chibre contournée
S’arrête à la base du gland.
Elle y puise âprement en quête
Du nanan qu’elle mourrait pour,
Sive, la crème de quéquette
Caillée aux éclisses d’amour
Ensuite, après la politesse
Traditionnelle au méat
Rentre dans la bouche où s’empresse
De la suivre le vit béat,
Débordant de foutre qu’avale
Ce moi confit en onction
Parmi l’extase sans rivale
De cette bénédiction !Extraits de Hombres (hommes) de Paul Verlaine
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Par Carlus le 19 Juillet 2023 à 10:30
Je suis urbain.
J'aime bien la foule des fins de journées,
Les cinémas jusqu'à minuit
Et les taxis au coin des rues.
J'aime bien aussi les petits bistrots,
Les grands boulevards, les petites rues.Je suis urbain,
j'aime bien toutes les cuisines du monde,
L'arrabiata et la pizza,
Le taboulé, la crèpe au sucre,
Et les sushis, et les accras
Tout cela à portée de main.Je suis urbain.
J'aime bien avoir tout près de moi
un kiosque avec plein de journaux,
des librairies remplies de livres
où je trouverai celui que je cherche
mais surtout ceux que je ne cherche pas.Je suis urbain.
J'aime bien la ville l'après-midi,
les bancs publics des amoureux,
la promenade des petits vieux
les discussions de jeunes mamans,
les tobogans de leurs enfants.Je suis urbain.
J'aime les théâtres inconfortables
J'aime bien aussi les p'tits musées,
En compagnie d'une érudite,
Ou bien avec mes petits-enfants
Pour voir leurs grands yeux étonnésJe suis urbain.
J'aime bien les crépuscules blafards
J'aime bien les néons dans la nuit,
J'aime bien les rues après la pluie,
Et les rues vides au petit matin.
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Par Carlus le 12 Juillet 2023 à 18:58
Comment ? On me dit que Beaumarchais aurait dénoncé la rumeur calomnieuse (celle qu'on appelle rumeur complotiste, en Français moderne) ???
Il nierait donc, s'il était encore là, que les médecins du monde se sont ligués pour injecter un poison létal à des milliards de gens ? Il contesterait que des pédophiles sataniques nous gouvernent et que la première dame de France n'en serait pas une ?
Où a-t-il dit cela, dites-moi, je vous prie ? Dans Le barbier de Séville Acte II scène 8 ? Je vais de ce pas, vérifier !
Basile :
La calomnie, Monsieur !
J'ai vu les plus honnêtes gens près d'en être accablés.
Croyez qu'il n'y a pas de méchanceté, pas d'horreurs, pas de conte absurde, qu'on ne fasse adopter aux oisifs d'une grande ville en s'y prenant bien ; Et nous avons ici des gens d'une adresse !D'abord un bruit léger, rasant le sol comme l'hirondelle avant l'orage pianissimo, murmure et file, et sème, en courant, le trait empoisonné.
Telle bouche le recueille, et piano, piano, vous le glisse en l'oreille adroitement.
Le mal est fait ; il germe, il rampe, il chemine, et rinforzando de bouche en bouche il va le diable !Puis, tout à coup, je ne sais comment, vous voyez la calomnie se dresser, siffler, s'enfler, grandir à vue d'œil. Elle s'élance, étend son vol, tourbillonne, enveloppe, arrache, entraîne, éclate et tonne, et devient, grâce au ciel, un cri général, un crescendo public, un chorus universel de haine et de proscription.
Qui diable y résisterait ?Le barbier de Séville ou la Précaution inutile
Acte II scène 8
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Par Carlus le 4 Juillet 2023 à 14:28
Deux poètes antillais,
l'un est "blanc créole"
et se veut Parnassien,
l'autre qui se revendique "Nègre"
est proche des Surréalistes.
Ils parlent tous deux de leur île
C'est la même île et le même siècle
Mais ils ne voient pas la même chose.
Forcément. C'est une question de point de vue !-------------------------------------------------
Je suis né dans une île amoureuse du vent
Où l’air a des senteurs de sucre et de vanille
Et que berce au soleil du tropique mouvant
Le flot tiède et bleu de la mer des Antilles.
...
Cent fois je suis monté sur ses mornes en feu
Pour voir à l’infini la mer splendide et nue
Ainsi qu’un grand désert mouvant de sable bleu
Border la perspective immense de la vue.Daniel Thaly
Au bout du petit matin
bourgeonnant d’anses frêles,
les Antilles qui ont faim,
les Antilles grêlées de petite vérole,
les Antilles dynamitées d’alcool,
échouées dans la boue de cette baie,
dans la poussière de cette ville
sinistrement échouées.
...
Au bout du petit matin,
une vieille vie menteusement souriante ,
ses lèvres ouvertes d’angoisses désaffectées ;
une vieille misère pourrissant sous le soleil, silencieusement ;
un vieux silence crevant de pustules tièdes
l’affreuse inanité de notre raison d’être.Aimé Césaire
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Par Carlus le 12 Avril 2023 à 13:51
Et voici que Jean de la Fontaine s'y met, lui aussi ! A sa façon, avec une morale à la fin !
Pour les gens pressés, précisons que FOUTRE à son époque est un mot très vulgaire, l'équivalent aujourd'hui de baiser ou NIQUER. Et que Vit veut dire Bite et Con veut dire Chatte (mais ça tout le monde le sait).
NB : les mots sont crus mais la morale est bien-pensante : le sexe sans amour n'est rien !
Éloge de la Volupté
par Jean de La FontaineAimons, foutons, ce sont plaisirs
Qu'il ne faut pas que l'on sépare ;
La jouissance et les désirs
Sont ce que l’âme a de plus rare.
D'un Vit, d'un Con, et de deux cœurs,
Naît un accord plein de douceurs,
Que les dévots blâment sans cause.
Amarillis, pensez y bien :
Aimer sans foutre est peu de chose,
Foutre sans aimer ce n'est rien.Jean de La Fontaine
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Par Carlus le 10 Avril 2023 à 21:37
Quand Voltaire disait "Il faut cultiver notre jardin", il pensait peut-être déjà au "petit bois touffu", au "joli bocage" et à l'aimable "gazon" d'une jolie Aminthe pour qui il a écrit ce petit dialogue poétique qu'il a lui-même qualifié de polisson.
Résumé pour les gens pressés qui n'aiment pas les messages cachés :
1- Ma chérie, j'aimerais tant faire l'amour avec toi
2- Ah oui ? et si je tombe enceinte, je fais quoi ?
3- Mais non, chérie, je vais me retirer à temps !
4- C'est ça, ouais, je vais te croire !
Polissonnerie
Voltaire
– Je cherche un petit bois touffu,
Que vous portez, Aminthe,
Qui couvre, s’il n’est pas tondu,
Un gentil labyrinthe.
Tous les mois, on voit quelques fleurs
Colorer le rivage ;
Laissez-moi verser quelques pleurs
Dans ce joli bocage.– Allez, monsieur, porter vos pleurs
Sur un autre rivage ;
Vous pourriez bien gâter les fleurs
De mon joli bocage ;
Car, si vous pleuriez tout de bon,
Des pleurs comme les vôtres
Pourraient, dans une autre saison,
M’en faire verser d’autres.– Quoi ! vous craignez l’évènement
De l’amoureux mystère ?
Vous ne savez donc pas comment
On agit à Cythère ?
L’amant, modérant sa raison,
Dans cette aimable guerre,
Sait bien arroser le gazon
Sans imbiber la terre.– Je voudrais bien, mon cher amant,
Hasarder pour vous plaire ;
Mais dans ce fortuné moment
On ne se connait guère.
L’amour maîtrisant vos désirs,
Vous ne seriez plus maître
De retrancher de nos plaisirs
Ce qui vous donna l’être.Voltaire
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Par Carlus le 17 Janvier 2023 à 15:33
J'aime bien Nougaro, sa poésie amateur, son jazz franco-français, sa gueule de gentil voyou, sa tendresse, sa musique...
j'aime particulièrement cette chanson : La pluie fait des claquettes.
Et je sais pourquoi, c'est parce que j'ai obtenu du ciel la même réponse que lui ! Accessoirement parce que c'est jazzy et que ca donne envie de claquer des doigts et de danser sous la pluie... à la française !
Ce nuit-là, je rentrais chez moi, à pied, après la fin d'une relation amoureuse toxique et je me sentais bien. Comme après chaque rupture, je rêvais à la future histoire d'amour forcément sublime que j'allais vivre, quand la pluie se mit à tomber. Je me suis souvenu de cette chanson de Nougaro et j'ai tourné le regard vers les nuages et demandé au ciel :
- Salut, pourquoi tu pleures, toi ?
La réponse du ciel en larmes fut :
- Parce que je t'aime, salaud !
Bon, vous n'êtes pas obligé de me croire, non plus ! De toute façon, rien de plus changeant que l'estime de soi et du ciel !
La pluie fait des claquettes
Sur le trottoir à minuit
Parfois, je m'y arrête,
Je l'admire, j'applaudis
Je suis son chapeau claque,
Son queue-de-pie vertical,
Son sourire de nacre
Sa pointure de cristalAussi douce que Marlène,
Aussi vache que Dietrich,
Elle troue mon bas de laine
Que je sois riche ou pas riche
Mais quand j'en ai ma claque
Elle essuie mes revers
Et m'embrasse dans la flaque
D'un soleil à l'enversAvec elle je m'embarque
En rivière de diamants
J'la suis dans les cloaques
Ou elle claque son argent
Je la suis sur la vitre
D'un poète endormi,
La tempe sur le titre
Du poème ennemiÀ force de rasades,
De tournées des grands-ducs,
Je flotte en nos gambades,
La pluie perd tout son suc
Quittons-nous dis-je, c'est l'heure
Et voici mon îlot
Salut pourquoi tu pleures?
- Parce que je t'aime salaud.
Claude Nougaro / Maurice Vander
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Par Carlus le 11 Décembre 2022 à 15:40
Un petit poème peu connu de Baudelaire que j'aime beaucoup.
L'angoisse, les remords, la maladie, les rides... Ce ne serait par hasard de la vieillesse qu'il parle, là, le poète maudit ?
Réversibilité
Ange plein de gaieté, connaissez-vous l'angoisse,
La honte, les remords, les sanglots, les ennuis,
Et les vagues terreurs de ces affreuses nuits
Qui compriment le coeur comme un papier qu'on froisse?
Ange plein de gaieté, connaissez-vous l'angoisse ?
Ange plein de bonté, connaissez-vous la haine,
Les poings crispés dans l'ombre et les larmes de fiel,
Quand la Vengeance bat son infernal rappel,
Et de nos facultés se fait le capitaine?
Ange plein de bonté connaissez-vous la haine ?
Ange plein de santé, connaissez-vous les Fièvres,
Qui, le long des grands murs de l'hospice blafard,
Comme des exilés, s'en vont d'un pied traînard,
Cherchant le soleil rare et remuant les lèvres?
Ange plein de santé, connaissez-vous les Fièvres ?
Ange plein de beauté, connaissez-vous les rides,
Et la peur de vieillir, et ce hideux tourment
De lire la secrète horreur du dévouement
Dans des yeux où longtemps burent nos yeux avides!
Ange plein de beauté, connaissez-vous les rides?
Charles Baudelaire
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